Avec Villa Fantôme Manu et Pierrot, de La Ruda, se mettent en tête de retrouver la scène, l’urgence, la création. De leurs aspirations naît ce premier album éponyme marqué, comme chez La Ruda finalement, par les sons à la Specials, Police, Clash ou Selecter dont ils sont friands et qu’à leur manière, avec adresse donc, ils amalgament. Cuivrée bien sûr, la cuvée débute en fanfare, le temps d’un Fantôme Dans Les Rues Fantômes juteux et, je n’osais en douter, textuellement intéressant. Pulsations ska, giclées de cuivres donc -fusants, plus loin moins directs-, énergie et mélodies pop font bon ménage. On est en terrain connu, là où les gaillards sont incontestablement à leur affaire. On y parle de tout, de toi, de moi, de ceux qui convoitent le magot et récoltent que dalle, de drames et de joie, de la vie dans tout ce qu’elle peut nous renvoyer. Série Noire, dynamiquement feutré, « skaïsant » lui aussi, confirme la bonne tenue des deux hommes, entourés en l’occurrence par quatre musiciens au parcours éloquent. Sentimentale N’est Pas La Foule, oh combien vrai dans son intitulé, instaure une cavalcade plus frontale encore. Je retrouve ici, avec bonheur, tout ce qui me mit en joie -c’est d’ailleurs le cas, encore-, dans le projet antérieur des impliqués. J’entends par ailleurs du rockab, un peu et de manière juste, dans ce morceau.
Dieu N’est Pas Bon Danseur, après ça, ravive des souvenirs. D’antan, appuyé par un refrain qu’on retient. Le mot, chez Villa Fantôme, n’est jamais stérile. Plus loin Rivière Sans Retour, d’une belle vigueur, démontre qu’avec ce projet on s’inscrit dans une forme de continuité tout en se régénérant. Efficacement. Dans la qualité, intacte. Dans son malaxage musical, Villa Fantôme perpétue une marque notable. Il énergise, galvanise, raconte des bouts d’vie qui parfois sentent l’eau d’ vie. Ca enivre un peu, de fait. On s’en entiche. Des Messies Pour Des Lanternes nous amène à l’exact milieu des réjouissances, doté de gimmicks une nouvelle fois fatals. Il y a aussi ce côté vieille France, relifté, qui charme sévère. Le duo le dope au jus ska, à la force rock, aux airs pop bien ficelés. Ca fonctionne comme à la première heure, Cavaliers Dans La Plaine et ses riffs solides en atteste sans dénoter. Veux-Tu Savoir, plus délié, l’imite en faisant, légèrement, retomber la pression. Il ne peut s’empêcher, toutefois, de s’emporter sur certains passages. On prend, sachant la paire et ses hommes de main d’une tenue à toute épreuve. Ils ont du style, usent du Français pour à l’arrivée en souligner le pouvoir. D’évocation, de narration, au gré de morceaux imprenables.
Photos Christian_Ravel.
Sur Mon Blouson en est, sur fond de rock bourru que bordent des étoffes sonores de choix. On en est, alors, à la dernière ligne droite d’un cheminement sans fausse note.Villa Fantôme, interviewé par ici, persuasif, ne surprendra personne (quoique…) mais convaincra tout l’monde. Sur Autopsie D’un Songe, il démarre gentiment. Pop, légère, amicalement offensive. Elle permet, par sa légèreté, de valoriser l’écrit. Enfin Question De Contrôle, ruade cuivrée terminale, tout au moins dans un premier temps, s’en vient finir avec entrain, dans une valeur persistante, une galette éponyme aux airs de nouveau départ probant. Le tout sans tournebouler, l’idée est judicieuse, ce que Manu et Pierrot ont pour habitude de concevoir depuis leurs débuts, il y a maintenant quasiment 30 ans.