Ressortie agrémentée de dix morceaux, via le label de New York Computer Students, le Discipline Through Sound de Big’n parut, originellement en 1996, chez Gasoline Boost Records. Enregistré par Steve Albini, il bénéficie ici d’un relifting signé Carl Saff. C’est un pavé noise éructé, William Akins, aux vocaux, à attrapé la rage. Il est fiévreux, autour de lui on bâtit des trames acérées, groovy aussi (la basse de Mike Chartrand, en corrélation avec la frappe de Brian Wnukowski alors que Todd Johnson, dans son coin, joue des guitares maousse). C’est parti pour une embardée noise, Trophy secoue le cocotier et fait plier le tronc, dur comme du silex, compact, rugueux. Ca va durer dix titres, qui tantôt se nuancent (Final Song), en ruades à la retenue dansante, avant de brailler vocalement, tantôt rugissent directement. On ne note, on est tout de même chez Big’n messieurs-dames, aucun faux-pas. L’opus est un rouleau compresseur, tout en syncopes, qui pulse et desserre bien peu l’étreinte. Un disque vicié, malsain et au delà de ça, une « masterpiece » qu’il est évidemment de bon ton de remettre au goût du jour.
Photos Kim Ambriz.
Il arrive que le rythme s’enhardisse, devenant hypnotique (Dying Breed). L’amateur de noise, fallait-il que je le précise, trouvera là son parfait bonheur. El Diablo III tranche dans la couenne, trace un délire façon Primus, complétant le tableau avec panache. Et emportement. C’est dans la folie, dans l’intensité, dans l’unité percutante que Big’n atteint les cimes. Il m’évoque Fugazi, Headcleaner aussi, Shellac également, mais ne doit rien à personne. Il excelle, à l’issue de la partie album on a devant soi un Cuss ni plus ni moins que dévastateur. On attaque alors les Démos, au nombre de cinq. De Moonshine à Dying Breed, une purée de férocité à l’état brut, d’ores et déjà pépitesque. Ce n’est pas fini puis que le Split EP avec OXES (1999) est aussi inscrit au chapitre. King of Mexico, en tête de file, fait le roquet sonore. Imité en cela par Old Work Song, tout aussi convulsif, et ce Angelus Occultation un brin plus bridé. Lequel prend son temps, tenu, atmosphérique dans son tumulte, avant de…le rester plus ou moins bien que sous-tendu et doté d’une fin orageuse.
On se félicite depuis quelques compos déjà, à ce moment, de l’acquisition effectuée. Deux créations terminent alors le job, en Outtakes pas piquées des vers. Like a Killer, bourrade haineuse sans intrestices. Puis pour définitivement clôturer Missouri Boat Ride, dont les motifs introductifs se répètent alors que la cadence pèse et qu’ Akins semble modérer sa rage. Vingt titres de haut vol, au final, pour une réédition diablement bien sentie. Le tout dans un digipack lui aussi attractif, histoire de parfaire le taf et combler la totalité de l’auditoire de Big’n.