Fatigué, j’ai hésité. Verlatour, en conclusion du Festival Safra’Numériques, au Safran dont je suis voisin. Mais je sais le gaillard doué, créatif, audacieux et c’est dans cet esprit que je fis le trajet, bref, jusqu’à la structure de la rue Guynemer. J’y croise une foule dense, le bonhomme Soler devise tranquillou au dehors, entouré d’acteurs de la vie locale. Un peu comme si finalement, rien n ‘allait se produire. Tu parles…Ikbal Ben Khalfallah, le directeur des lieux, s’adresse alors à l’assemblée pour, rapidement, esquisser les traits d’un live qui va en marquer plus d’un. Verlatour s’est en effet mis en tête d’élaborer le bien nommé « Immersion« , à la suite de 8 semaines de résidence dans le cadre du dispositif les (Ré)Créations de La Lune des Pirates et d’une rencontre comme évidente avec les développeurs de Inlum.in (Vincent Borrel et Nicolas Gambini) et leur technologie de cameras 3D, en tant que Lauréat du dispositif Européen Real In 2022 orchestrée par Dark Euphoria (Marseille) et Espronceda (Barcelone) », dans le but d’associer le public à sa prestation scénique.
Verlatour.
On prend conscience du dispositif, magnifique, à notre entrée en salle. Ca intrigue, on se demande un peu ce que va pouvoir générer tout cet attirail. Je m’assieds, fourbu, pour me relever car un parterre de « fidèles » se masse devant notre Jo local, certains s’affairant à taper sur des pads alors que d’autres s’emploient à créer de la « light ». L’interactivité, au sommet de l’imagination. Le tout étant enregistré pour, bien entendu, en extraire de la matière. On se voit dansant, en liesse, sur l’écran géant situé derrière la scène. On se voit, on se vit, dans une version informatisée alors que l’expression corporelle bat son plein. Le contraste est frappant, parlant: pour moi, il illustre le fait que si la technologie ne peut s’ignorer, il importe d’en avoir un usage mesuré, basé sur la création, sans jamais la substituer à ce que nous sommes intrinsèquement.
Verlatour.
Ici, elle fédère. Une petite à ma droite, auprès de son papa, a les yeux qui brillent. Elle n’a jamais vu ça, qu’elle se rassure nous non plus. Notons que Verlatour a aussi résidé au Château Blanc, à Flixecourt, auprès d’adultes en situation de handicap psychique. L’humain, dont Verlatour fait son essence, servi par la technologie. Et non l’inverse. Le set du soir, au Safran, est une bourrasque de rythmes, de sons débridés que l’amienois nappe de son chant mélodique…que depuis tant de temps, j’appelle de mes voeux. J’en suis comblé, l’apport est à mon sens conséquent. La qualité, elle, nage allègrement au dessus de la moyenne requise. De son électro ravageuse, mais pensée et construite, co-construite même, Verlatour fait un instrument de rassemblement. Son live passe comme une tempête en plein été, il est donc bref mais d’un impact définitif. J’ai failli ne pas venir, je le rappelle. J’aurais eu tort! Appareil en main, je fige ce temps fort, les mimiques et sourires de l’artiste. J’observe la foule, transportée. Je me rappelle alors qu’un EP, chanté, est prévu pour la suite. Vivement! Pour l’heure une suite de morceaux de haute volée consacre le travail de Verlatour, qui au milieu des tours nous joue un joli tour. Je n’oserai dire que je m’y attendais, l’inédit m’a en quelque sorte pris par surprise mais du point de vue du rendu je savais, je pressentais, une issue accomplie. Reconnaissant, Verlatour salue. Des vivats l’accompagnent, il ne les aura pas volés. C’est l’Immersion, jubilatoire.
Verlatour.
A ma gauche se tient David Monet, l’acolyte de Jocelyn au sein de The Name, qui ne manque pas d’acclamer son collègue de jeu. Keep your eyes open les copains, ce show est une tuerie. Il faut maintenant se « désimmerger », l’entreprise n’est pas des plus faciles. Elle demande du temps, en quittant le Safran -superbe lieu- on emporte avec soi une effluve de béatitude, un ressenti ancré dans le buffet, une vague de bien-être et de vivre ensemble des plus bienfaisantes. On en remercie Verlatour, ce n’est pas la première fois, loin s’en faut, qu’en ces lignes je le mets à l’honneur. Il est « d’min coin », ça ne le rend que plus précieux encore, à nos yeux. Il est humble, ça aussi ça se souligne et nous l’attendons de pied ferme pour la suite, dotée de voix, j’insiste, de son cheminement jusqu’alors prolifique et sacrément abouti.
Verlatour.
Je mentionnerai pour terminer la ribambelle d’actifs oeuvrant dans l’ombre et fournissant un travail non seulement essentiel (suivez l’idée…) mais aussi impressionnant, listés ci-dessous et constituant la « Immersion Full Team« :
➤ Verlatour : Jocelyn Soler
➤ Mathilde Thiney: Booking
➤ Inlum.in: Développement Technologique – 3D Live et Interactions (Vincent Borrel et Nicolas Gambini)
➤ Data Flaw : Ingénieur nouveaux médias
➤ Charles Lagueritte: Régie Générale & Son
➤ Barberot Sylvain : Scénographie
➤ Julien Appert Odlm: Création Vidèo & Régie
➤ Illan Lcdr: Technicien Lumières
➤ Benoit Morritz: Ingénieur Réseau et couteau suisse.
➤Producteur délégué: La Lune des Pirates – Les Ré(Créations)
Vincent Risbourg: Chargé d’accompagnement.
➤Co-productions: Le Safran – @Bougez Rock – Idma & agostini – Petit Théâtre du Vieux Noranda (QC) – Bon Temps Records
Lauréat du projet Européen #REALIN secteur Musiques et Festivals w/h Espronceda Institute of Art and Culture Barcelona – Dark Euphoria – Inlum.in – #CreativeEurope, en partenariat avec VRHAM Virtual Reality & Arts Festival Hamburg, @MEET Digital Culture Center Milan, La Manufacture collectif contemporain Avignon.
Photos Will Dum.