Groupe ethno-électro-rock composé de Bacho Tsuladze, Lucas Nunez Ritter (La Femme) et Victor Gascon, Murman Tsuladze fait dans l’Anatolien large et sort avec ce Aperist son deuxième EP. Sa pop psyché caucasienne est tout à fait sienne, elle fera suer les corps et déroute son monde dès Rayon d’Oré, aux trifouillis sonores trippants. Ca groove sévère, ça Bosphore sec et le voyage s’instaure, marqué, typé. Voix psyché, dialogue cinématographique, le tapis vole direction l’ailleurs. Chants fous, soudain. Rythmique à l’orée du dub. Magique. Trouée brumeuse, puis retour des salves de là-bas. Plus de quatre minutes de déracinement, hautement concluantes. Gvirabi, d’une basse qui vaut bien mieux que tout exercice d’assouplissement, lance une deuxième banderille tout aussi excitante. Ca chante…dans quelle langue déjà? Je ne la reconnais pas, mais elle colore le bazar avantageusement. Et se fait crooner, avec marque. Ca syncope, oh bordel ça se danse jusqu’à very late in the night (excusez l’anglicisme, je ne peux le repousser; c’est Man Foo Tits qui m’a contaminé).
C’est enivrant, c’est sûrement pour ça que les photos d’illustration les trois comparses font péter la teille. Le temps d’un godet Darling, d’abord électro-cold, confirme l’adresse de Murman Tsuladze, narrateur omniscient de ces chansons racontées comme dans un roman, à poser sa patte. « Write to me darling », répète t-on à l’envi avant que des guitares de classe ne nous offrent une énième embardée vers le lointain. Greffées, avec adresse, à des trames aux synthés brodeurs. Trop bon. On est à la moitié de la tasse de thé et déjà, nos résistances partent en fumée. Sitting & smoking, ton narratif à l’appui, ondule à la Turque, marie nappes cordées et vocaux gouailleurs. Murman Tsuladze ne se définit qu’avec difficultés, c’est souvent le signe des formations qui labourent leurs propres terres. Eux le font, à l’évidence, avec bonheur. Et pour le notre, alors à la votre!
En ogoz baisse un peu la garde, privilégiant un déroulé lascif. Ce qui ne l’empêche guère, c’est une constante sur ce Aperist accompli, de nous extraire de nos places, aériennement. A l’issue They closed the roads « ჩაკეტეს გზები », aux percus efficientes, relance la danse. Intense. Racé. Sans genre précis il désoriente, à nouveau, par l’usage d’un langage inhabituel. Il est vif, entrainant, bordé avec goût. A sa fin on n’a plus qu’une envie, c’est de rejouer l’EP bien fort, histoire d’en faire ressortir tous les petits détails décisifs. A chaque coup ça matche, on oublie l’éventuel ridicule pour se trémousser au son de ces trois fauteurs de troubles doués et fédérateurs, actuellement lancés dans une série de concerts qu’il serait de bon ton de ne pas rater.
Dates lives:
24 mars @ Badaboum, PARIS (release party)
26 mars @ Gare St Sauveur, LILLE
8 avril @ La Marquise, LYON
12 mai @ The Great Escape Festival, BRIGHTON uk
13 mai @ Cornish Bank, FALMOUTH uk
15 mai @ The Shacklewell Arms, LONDRES uk
23 juin @ La Mathilda, MACON
9 juillet @ Pohoda Festival, TRENČÍNE svk
10 juillet @ Festival Décibulles, NEUVE-ÉGLISE
* en première partie de La Femme