Après son London western, en 2014, puis un Freak show sorti en 2017 qui affirmait son style entre rap, cordes de classe et rock teinté de chanson, le Coffees & Cigarettes de Renaud Druel déboule à nouveau avec RollerCoaster, troisième et nouvel opus globalement plus hip-hop que les deux autres. Bon, on s’en fout un peu. Tout ce qu’il faut retenir, c’est qu’avec ce procédé original il s’est dégoté une formule assez fatale que son mot, constamment élevé, étaye avec éloquence. Ici, on se fade une grosse dizaine de morceaux sans défauts, des intermèdes que quel que soit l’artiste (ou presque..), je trouverai sempiternellement chiants. Là encore, on s’en balance car voilà Coffees alchimie où urbain des mots (des maux aussi) et majesté des cordes entrent en collision pour un rendu, askip, impeccable. Askip? Non, c’est sûr.
C’est une évidence, Druel touche à l’excellence. Je m’étais pourtant méfié, initialement, de sa dégaine de premier d’la classe avec 17 en philo. Celle qu’il décline ici, celle de la vie, celle de ceux qui pensent et analysent. Celle de ceux qui à distance mettent l’épreuve, se refusent à grandir parce que putain, pas évident! (un splendidissime Le syndrome de Peter Pan, après que J’flippe ait semé ses rimes en « ipe » sur fond de vision lucide). Alors que Colline de jeux, aux airs jazzy sur cadence marquée, évidemment magnifié par l’instrumentation, aura fait sensation en instru cinématographique de choix. Coffees & Cigarettes est sur son terrain, où pousse un fertile terreau. Y’a quelqu’un s’obscurcit, angoisse, syncope son rythme et l’assène. Damned, y’a peu d’rock ici! Mais Druel, bien sympa, t’en servira plus tard. Pour l’heure Croquemitaine, avec ses tons qui diffèrent, t’enferme dans sa sphère. C’KOA, bricolage folk-rap alerte, le suivant en s’habillant d’envolées jazz rétroïdes. Coselofo riffe, groove et c’est marre, j’ai mes guitares!
Photos Laurent Besson Caribou.
Ca ne fait, on l’aura compris, que créditer d’autant plus RollerCoaster, que L’arthropode flanque d’une narration maison que depuis un moment déjà, on identifie sans trop de peine. Journal de bord, psyché, de voix off, balance lui aussi son hip-hop en verve et en vers. Il est court, il est à ranger dans ces intermèdes qui m’irritent mais qui passent tout de même parce que le gars, y sait y faire. Haletant, 02/01/19 entrevoit la fin de manière brève, lui aussi. Emmène-moi le fait (nous emmener), il laisse le chant seul aux commandes. Ou pas loin, sur des abords narratifs qui font mouche et se Gontardisent dans le mot. C’est un compliment, sans piment, que ce rapprochement. Le morceau prend vie, j’en adore tout. Et pour la fin, jusqu’à plus faim, tu as Roller coaster. Voix d’enfants, allure de farandole cordée. Scratches qui tâchent. Tchatche, à nouveau, digne d’intérêt. Coffees & Cigarettes, de sa formule à la lui-même, s’offre plus qu’une confirmation avec ce disque de qualité certifiée.
Photos Laurent Besson Caribou.
Mais c’est quoi ce bins?? Mon cd m’indique 14 titres, ma platine en joue 15…puis 16! C’est Full HD (je ne vous dirai pas où j’ai cherché son intitulé, trop honte…) qui le premier, narre avec délicatesse, dans le sentiment enfin tout au moins dans son refrain. Je le répète, il y a du Gontard dans ce que fait Druel. Qui, à la truelle, nous refile pour nous quitter un Coffees resistance incendiaire, du tiéquar, dopé par une électro dépaysante, musclée, et des soubresauts rock bourrus. Ca se termine magistralement, au final on a tout de même une « seizaine » de plages achevées à s’envoyer et là, il n’est plus possible ni permis de contester le talent du mec Renaud Druel aka MC Jesse (auteur, compositeur et interprète), accompagné d’Anna Swieton au violon ou Lyllou Chevalier à l’Alto alors que Quentin Gendrot, lui, officie au Violoncelle.