Assassun? C’est Alexander Leonard Donat, une fois de plus. Qui, déjà affairé chez Vlimmer ou encore Fir Cone Children, pour faire court, développe un nouveau registre sous étendard Assassun, donc, entre électro froide, plans 80’s et dark-synth, selon une qualité à nouveau imprenable. Après l’EP The World I Will Leave, nous sont livrés onze morceaux qui groovent, glacés, parfois plus enjoués sous l’effet de leurs synthés. Burial shroud lance la danse, il scande et déboule vivement avant de se saccader. Sa voix est bileuse, ses motifs célestes et tout en vrilles. Winter is m’évoque Killing Joke, ou certains morceaux du Ministry des débuts, dans ses sonorités. Lui aussi s’acidifie, tchatche et dévie pour au final nous plaire. A l’instar de Devours itself, vaporeux, qui à son tour se fait percuter par des vagues de boucles qui remuent.
Assassun, visiblement, s’affaire avec bonheur à élaborer du neuf. Il breake parfois, laisse libre cours à des attaques de séquences démentes. Ainsi Over again, d’une électro lunaire et alerte, puis hachée, vient-il parfaire le registre. Alors que Your scheme?, martial comme un Front 242, l’imite avec autant de prestance. On note, ici aussi, l’apport des flux synthétiques. Le titre éponyme en fait étalage ave plus de légèreté, mais dans une veine tout aussi frappée. Avec Donat, on ne pouvait de toute façon voguer sur la normale. Sur ce titre c’est Adam Kesher, de chez nous, que j’entends. L’attaque vocal est franche, le tout froidement dansant. Janine, entre spatial et vitesse, consolide un album déjà convaincant. Ses synthés jouent du givre et à côté de ça, des notes plus heureuses. Hook to the chin, dérangé -on s’y attendait-, fait quand vient son heure résonner ses va et vient sonores sans raison. On se laisse porter, dans un délicieux lâcher-prise, à la déviance dont Assassun fait preuve.
Plus loin Achilles tendon, offensif, met en exergue ces suites de climats, ces ressacs de sons fous, avec mérite et à nouveau, de manière barge. C’est chez Blackjack Illuminist Records, bien entendu, que la galette voit le jour. En cd, normal, mais aussi en K7 car l’Allemand aime le rétro à la belle gueule. Light coming out amorce la dernière ligne droite sans le rester (droit). C’est dans la constante déviance, en s’en tenant avant tout à son imagination fertile et décalée, que Donat réalise ses meilleurs efforts. C’est donc le cas ici. I need it gone, dans une ultime giclée céleste et réfrigérée, parachevant la mise en son, accomplie, d’un Assassun à l’identité étonnamment forte en dépit des nombreuses activités menées par son géniteur.