Unik Ubik, c’est un quatuor belgo-français à la déjante jubilatoirement cuivrée. I’m not feng shui est son troisième album, G.W. Sok de The Ex y intervient sur un titre et ma foi, le « featuring » illustre bien l’esprit de ce combo frappadingue, lancé dans une course à la déviance qu’il risque bien de remporter. Il ne nous laisse guère le choix, d’emblée l’africanisant (dans la « remuance ») Dan-jun impose son bouillonnement free-jazz aux reflux psyché. L’échappée est de mise: on se voit détrôné et propulsé, illico, dans des sphères inédites. Ca secoue (le cocotier, vu la teneur exotique du rendu), ça fait du boucan et ça groove dans tous les coins. Cavalcade de cuivres, ivres et en rut, Rolled in flour marie les genres en son début, s’emporte ensuite et nous laisse par terre. Le titre éponyme, voyant l’auditeur sur le flanc, balourde du son à la…The Ex et, très vite, bastonne comme sur un ring. Dans le même temps, il ondule sévèrement et comme les autres, t’emmène là où tu n’es plus chez toi. Sous tension et haut voltage, il laisse ensuite place à Pinheads on the move, cover de Tuxedomoon, preuve de bon goût. Lequel fait son Singe Blanc, son Primus, validant l’impression superbissime laissée par la galette. Des vrilles folles s’en échappent, ici et aussi on dansera de manière possédée.
Après ce fatras jouissif Mesmerize & vanish, plus bridé mais tout aussi groovy (cette basse de malade…), avance sur un fil. Dans son univers bancal et génial, Unik Ubik pourfend le concurrent. Détenteur d’un style frappant, il joue un Tractors and cows down to St James infirmary fatal. Il déblatère façon The Fall, évoque tout à la fois Gang of Four, Talking Heads et James Chance. Il y a pire comme sources, convenez-en. L’opus sort de plus chez Humpty Dumpty, où la came est furieusement conseillée. This is the day (feat. G.W.Sok), forcément typé, respire une trame retenue, aussi finaude qu’écorchée. Posé à Lille et à Tournai, Unik Ubik diversifie ses climats, passe sans problème du faussement posé à l’éclair sonique. Sur ce This is the day, il annonce l’implosion sans qu’elle survienne. C’est magnifique. Lazy Beezy, de ses soubresauts funky/no-wave, lui fait suite en usant de gimmicks décisifs. Il se met à filer, folichon à souhait, orné de trouées noise. J’adore, encore, ces Unik Ubik uniques. Gypsy’s revenge, à la lourdeur quasi heavy, stoner un peu, frétille mélodiquement et alterne les tons et ambiances.
C’est dans l’inattendu, concocté par ses soins, que le clan fait mouche et impose sa touche. Plus loin et sur la fin, Maggie débloque imite Maggie. Ses cuivres sont psychiatriques, sa cadence syncopée et ses chants déments. Un régal de folie, qui breake en s’amusant à tituber. Psyché, jazzy classe et jamais fadasse, il…débloque. Et tant mieux. Right or contract, tranquille dirait-on, peut ensuite et enfin dérouler son tapis, posé dans un premier temps mais dont on suppute le départ en vrille. Il hausse le ton effectivement, d’un point de vue rythmique, façon Unik Ubik. La fiesta est endiablée, le chant scande et les quatre gars nous lèguent un skeud magistral, qui dépasse du cadre et s’aventure jusqu’à la biture. Un album dont même la pochette, affaire d’une Maya Delhaye douée, plaira en complètement d’un contenu accaparant et sans limites restrictives.