Guitariste et membre fondateur des Dogs, ce qui ne peut qu’attirer l’attention et faire monter la tension, Paul Péchenart est de ceux dont le parcours ne peut se décrire. Trop fourni, trop éloquent, trop conséquent. « PP » n’a plus à faire ses preuves: sur cet album qu’au vu de son pedigree j’attendais plus sauvage, il dévoile un rock doux, chanté en Français, qui très rarement lâche les chevaux. Sans aucun doute, comme le dit son premier titre, le gaillard à la longue route opte pour des textures posées, privilégiant le mot. Il a roulé toute la nuit -et même bien plus-, il peut désormais aspirer à retomber. Il fait dans le feutré, le classieux qui pourrait ennuyer. Sans prétention, avec le savoir-faire que son vécu génère. Sans toi et sans chez-moi, de son rock un peu plus belliqueux (et j’approuve), le confirme dans son choix. Comme un homme, rock’ n’roll wild, m’enthousiasme. J’aurais voulu, exigeant, une bordée de morceaux de la même trempe. Le titre éponyme retombe de deux crans, facile. Non pas dans la qualité, mais dans l’intensité. Je baille, passagèrement. Mais globalement le tout se prend. Il est bien joué, simple, et me sert un Parmi les étoiles entre coton et rudesse trop éparse.
S’ensuit A l’aveuglette où la basse, en amorce, se fait charnelle. J’en espère une embardée, elle ne survient pas mais la chanson, probante, mérite qu’on s’y attarde. Quand Lili lit dans son lit vide, ensuite, m’évoque ces débuts de nuit passés à ingérer de la littérature, solo. Il s’emballe un peu, sans trop faire la canaille non plus. Péchenart narre ses tranches de vie, on y trouvera matière et nostalgie. Ma vie d’avant, dénudé, démontre que la vie d’avant, elle était plus bandante. Un jour peut-être? se présente ensuite, s’anime un peu, réveille ce sentiment selon lequel le disque, écouté à de nombreuses reprises, trouvera peut-être prise. Sous ton aile, ou sous la mienne, il se fait bluesy. Et toujours trop poli, ce qui n’engage que moi. Ouvrir les yeux le conclut, dans une poésie qui ici préside et fait l’attrait de l’ouvrage, en s’habillant d’un ton épuré, presque à nu…qui sur sa fin durcit le ton. Et c’est bon! Paul Péchenart sait parfaitement, depuis longtemps, Ce que tanguer veut dire. Il s’en dispense pourtant (de tanguer), pour l’heure, tenu à des penchants apaisés qui en d’autres temps, auraient tout envoyer valser.