Dernier album studio en date d’un « Lofo » qui ne plie pas devant l’âge, loin s’en faut, Vanités se fait « ressortir » par le label du groupe, AT(h)OME, après que son premier LP ait lui aussi revu le jour. Six nouveaux titres bétonnés, soit l’ep Omnia vanitas, s’y joignent. Résultat? Dix-sept coups d’arquebuse à l’adresse des buses -le pays en regorge-, troussés maison et d’une puissance que Bonne guerre, rythmé, sans concessions car « Lofosien » en diable, fait péter à la gueule des rapaces qui nous entourent. Métal, lourd et riffeur, il déblaye et donne le ton d’un disque sans trop de temps morts. L’exemple, avec sa basse charnelle en amorce, fait d’ailleurs dans la même dentelle, si je puis dire, pour un maximum d’efficience. Reuno éructe, il le fait bien, mais se fend aussi de quelques passages plus « sages », en tous les cas plus mélodiques. Lofo est en marche et déverse sa rancoeur, mise en son avec brio, sur Les fauves qui castagne de manière compacte et groove car la section rythmique, ici et comme toujours, assure et serpente. Ou trace comme une tarée, ainsi que l’y amène Le refus.
Avec Lofo c’est une habitude, les pépites se succèdent et le propos est raide. Le venin, au début quasi fusion, seringue grave. Lofofora s’est rendu unique, dès ses débuts, pour ne jamais dévier d’un cap bien tenu. Le futur galope…vers l’avenir, incertain. Notez bien qu’une fois de plus, on se fait fort de dire, tout haut, ce que beaucoup trop pensent tout bas. Ou ne pensent pas, résignés à se faire Baiser leur vie plutôt que, comme le suggérait l’hymne L’oeuf, que d’eux-mêmes la faire jouir. C’est toujours le moment. Mais passons, Le mâle est lui aussi percutant. Il y a, dans ce Vanités, une cohérence dans la force de frappe qui honore la clique aux scènes ravageuses. En plus de bastonner, on joue bien et les envolées instrumentales valent réellement le détour. Désastre, loin d’en être un, se retient. Il se fait jazzy, syncopé, jusqu’à nous gagner. Lui aussi. Bluesy aussi, mais dans une déviance qui tire vers le haut. X-it s’excite, lancé aux trousses d’une concurrence qui intelligemment, évite la confrontation. Les seigneurs lui emboîte le pas, massif. Puis La surface, moins direct, se charge de terminer la partie Vanités, giclé d’un bloc, en renvoyant une belle parure.
Photos Olivier Ducruix.
On s’attaque alors aux six cadeaux d’ Omnia vanitas, Les sirènes déposant pour amorcer le bordel un raffut sans retenue. Le président, en l’occurrence, prend une soufflante monumentale. Il l’a bien cherché, le morceau breake brièvement avant de placer une incartade splendide. A sa suite Borderline, reprise de Katerine, dynamite le titre d’origine. Borderline, un peu comme Lofo, il prouve bien que les covers du quatuor ne font pas dans l’hésitant. Le vacarme, ensuite, propose une approche plus ramassée. L’impact, lui, ne varie pas. Il est maximal. Lala lala (titre provisoire), aux riffs crus, maintient un niveau de ténor. Il fusionne un peu, la basse y joue une ligne adressée à nos bassins. Le terme du titre est une vraie bourrade, après ça on s’envoie un Checkpoint du même tonneau, synonyme d’ivresse sonore. Lofo dégomme, il connait ses cibles. Il est rare, rarissime même, que ses flèches échouent. Carbone, la dernière d’entre elles, commence doucement pour, à l’issue, tousser un pavé pesant.
Lofofora, il importe de le souligner, impose ici de véritables nouveautés, en phase avec le contenu de Vanités qu’elles étendent avantageusement. Sa réédition s’écoute d’un bloc, sans zapper la moindre note. Depuis 1995 et en dépit d’un parcours qui m’a un peu trimballé tous azimuts, je suis toujours resté au contact du clan parisien, valeur plus que sûre d’une scène à laquelle sa contribution, à l’heure actuelle, demeure aussi conséquente qu’à ses plus belles heures, dans ces 90’s qui le virent débouler tel un combo fusion tout en furie inspirée.