Basé à Los Angeles, Stranger Dreams n’est pas né de la dernière pluie. Influencé par des formations ayant pour nom Joy Division, Nick Cave, Tones On Tail, Sisters Of Mercy, Southern Death Cult, Swans, Cocteau Twins, Siouxsie and The Banshees, The Cure, New Order ou encore Death in June, et je résume, il joue un rock cold, batcave, empreint de darkwave et de post-punk, qu’ After The Raven Has Died For The Dove retranscrit sur neuf morceaux noirs et enveloppants. C’est Labyrinth, gouffre d’obscur, qui le premier tue le jour et décline, sans hâte, ses vocaux macabres sur fond aérien. Le morceau s’emporte, d’un point de vue rythmique, mariant brouillard et vitesse. Après ça Dove, électro-dark en son début, balance du goth millésimé. Stranger Dreams, dans sa classe, fait partie des meilleurs élèves. C’est même, que dis-je, un peu le maître. Infierno, mid-tempo céleste, le voit d’ailleurs mener son affaire à la baguette. Karloz.M (Vocals, Guitars, Bass, Drums, Synths, Programming, Whiskey, Drugs, Pain & Madness), Seamus Simpson (Guitars) et Amoreena Stout (Vocals, Guitars & Additional Production) s’emploient sans faillir à bâtir, solides, des titres méritoires.
Ainsi Defiant, de son post-punk sombre et alerte, fait-il à son tour la diff’ à grand renfort de chants sans joie, un brin Eldritchiens. Stranger Dreams poursuit, sûr de son fait, l’élaboration d’un disque où se succèdent les réussites. Les guitares crissent, l’horizon se pare au mieux de textures grises. Ether, bien nommé, hypnotise l’auditoire et fait valoir ses secousses spatiales, la voix s’y faisant presque, pour le coup, « claire » dans son ombrage prononcé. Le trio ne se fige pas, Vessels l’amène l’amène à ne lancinance abyssale qui, passé son amorce, se saccade et présente un fond souillé. Alors que Raven, flottant, s’envole, serti de manière éparse par un chant songeur. Ascend, ensuite, soufflant plus de huit minutes de noir inerte ou presque.
L’effort n’en est que plus immersif encore, vers son terme il implose et voit ses instruments faire dans le noisy alors que les vocaux scandent. C’est la dégelée sonique, assénée par un groupe qui sait y faire. A l’issue et sans qu’on ait eu à déplorer la moindre lacune Driven like the snow -tiens donc-, en reprise appuyée, confirme la patte de Stranger Dreams et parallèlement à ça, la fiabilité de ses nobles sources. Sa galette sort chez Unknown Pleasures Records, ça en certifie la qualité et ça vous filera l’envie d’aller vous gaver des autres sorties du label, dont ce Larme Blanche de génie à sortir le 22 avril prochain.