Néerlandais, YĪN YĪN pratique une musique dansante, funky et cosmique, tirée d’une recette qui lui appartient. Après The rabbit that hunts tigers, en octobre 2019, les Bataves se fendent d’un The Age of Aquarius tout aussi ondulant. Satya Yuga dépayse d’emblée, flotte dans les cieux mais c’est vraiment avec Chong Wang, effort électro-funk spatial et remuant, qu’on commence à bouger le bassin. La mixture de YĪN YĪN est inédite, elle prend es airs Thaïlandais et des abords psyché qui font leur effet. Initialement titré YĪN YĪN in Space, l’opus nous ôte nos repères habituels. Shēnzhou V., à la coolitude exotique, distribue à son tour ses bonnes vibes. Des guitares délicieuses, à la Altın Gün, se couplent là à des boucles trippy. On danse, porté par une vague de nouveauté. Faiyadansu accentue, très oriental, la sensation de voyage qui émane du disque. Des voix également « de là-bas » se font entendre, éparses.
Le Hollandais a décidément, lorsqu’il s’agit d’innover, le nez creux et l’idée brillante. Declined by Universe, jazzy, finement incrusté, balise de manière définitive un univers imaginatif, immersif aussi. Nautilus, à la basse charnue sur percus entrainantes, fait lui aussi la différence. The Age of Aquarius sort chez Glitterbeat, label tout entier consacré aux sons qui bifurquent. D’un genre qui ne se définit pas, YĪN YĪN se place à la marge. Ici se trouve, à l’évidence, son vrai rang. Son titre éponyme, psych-funk vivace, fera à son tour s’agiter les petons. Il s’habille de chants, légers, et achève de persuader une assemblée que la posture de YĪN YĪN a de toute façon d’ores et déjà convaincue. Kali Yuga, trainée nébuleuse terminale, finissant sur une note expérimentale un album audacieux, un peu court toutefois mais largement à la hauteur, qualitativement, de la structure qui en assure la sortie.