Avec un clip dans leur besace, ainsi qu’un opus destiné à voir le jour le 25 mars prochain, chez At (H)OME, les ex-La Ruda Pierrot et Manu, soit Villa Fantôme, répondent aux questions de Will Dum par le biais du premier nommé.
1) La Ruda Salska, puis la Ruda et désormais Villa Fantôme ! Que nous vaut ce nouveau projet ? Se destine-t-il à marquer une rupture avec l’épopée La Ruda et par ailleurs, que tirez-vous de cette longue route sous cet étendard ?
Villa Fantôme ne tue pas la Ruda, car la Ruda n’a plus de projet sauf concerts exceptionnels sur une période précise. En 2019, suite à la tournée d’été du groupe qui nous a laissé à tous de grands souvenirs, nous avons eu l’envie irrépressible avec Manu de retrouver le plaisir de jouer et de composer tous les deux. Nous avons débuté ensemble à Saumur en 1993 et un nouveau projet signifiait un retour à cette jeunesse.
La Ruda restera – on le sait – la grande aventure, mais elle ne s’inscrit plus dans le présent. Nous avions donc besoin d’inventer Villa Fantôme pour retrouver la scène, l’urgence, la création et en définitive satisfaire une passion inassouvie.
2) Cette « Villa Fantôme » a-t-elle un lien avec Angers ? (rires). Je n’ose y croire, mais plus sérieusement, à quoi renvoie l’appellation ?
Le nom de Villa Fantôme a deux origines, une musicale et l’autre contextuelle. C’est dans un premier temps une référence au titre « Ghost Town » des Specials, groupe de première classe dont nous recherchons l’esthétique. Ensuite ce choix s’inscrit en rapport à la période de création de ce projet en 2020 en plein confinement. Nous aurions pu traduire cet esprit par « Ville Fantôme », nous avons opté pour « Villa » pour être plus sonores et un peu plus dans nos murs.
3) S’agissant d’Angers, quel regard portez-vous sur sa scène et avez-vous des accointances avec certaines formations de la ville ?
La scène angevine est -je n’en doute pas- très créative et diverse, mais j’avoue mal en connaître les nouveaux talents.
4) Villa Fantôme sort un album le 25 mars, comment s’est déroulée sa conception ? Comment fait-on d’après vous, après tout ce temps, pour garder tout à la fois fraîcheur et passion ?
Au départ avec Manu, notre idée était de s’offrir un 45 tours pour le plaisir de l’objet et celui d’être ensemble dans un local de répèt’. Paradoxalement la crise sanitaire nous a donné du temps et nous sommes passés du 45 au 33 tours. En cette période, avoir un projet a été salutaire. Mais que faire ? Nous nous connaissons bien et maîtrisons nos lieux communs. La Ruda avait été faite et bien faite. Nous avons donc fait le choix d’un clavier pour déplacer les lignes et surtout nous avons opté pour un son « british » et non plus latino.
Nous restons définitivement marqués par les styles musicaux de nos 15 ans et les groupes tels les Specials, Madness, Police, Cure, Clash, etc. Nous n’avons donc rien inventé, mais nous avons essayé de nous réinventer, en français dans le texte. La passion et la fraîcheur seront toujours là tant que nous aurons un groupe qui laissera la lumière allumée. Aujourd’hui Villa Fantôme est ce groupe.
5) Qu’attendez-vous de l’album, dans quel état d’esprit êtes-vous maintenant que celui-ci est en boîte ?
Nous sommes très, très impatients de voir enfin l’aboutissement de ce long travail. Il faut savoir que ce disque a été fixé en mars 2021… Cela fait donc un an qu’on attend que l’oiseau quitte le nid… Opportunément nous avons trouvé des partenaires comme notre label « At(h)ome » qui nous a permis de sereinement mettre en place sa diffusion. « Sortir un disque » est toujours une étape particulière dans un parcours. Ce seul fait crée une tension bienvenue. Nous sommes heureux de retrouver l’appréhension, le doute, mais aussi l’espoir. Nous espérons qu’il trouvera son public évidemment, mais au-delà, qu’il nous permette de retrouver régulièrement la scène sans menacer de mort un organisateur pour qu’il nous programme.
6) Un clip illustrant le titre « Série Noire » vient de sortir, j’adore son noir et blanc au charme rétro et son côté « ode à la vie ». Que représente pour vous une vidéo, est-ce le vecteur de transmission d’un message précis ou d’une touche « Villa Fantôme » déjà existante ?
Aujourd’hui, l’image est devenue très importante dans le parcours d’un groupe, ce que je déplore, mais comprends. Avec nos moyens, nous avons pu, somme toute, mettre « Série Noire » en de bonnes mains pour proposer ce premier extrait. L’idée était de travailler sur les codes visuels du polar et proposer un habillage élégant. Pour répondre au texte du morceau tout comme à l’esthétique du groupe d’ordre général, nous avons fait le choix du sombre et du lumineux.
7) Certaines dates sont déjà planifiées, dont une au Chabada à Angers. Gros challenge pour vous, j’imagine ? N’y a-t-il pas, dans ces lives locaux, le délicieux goût du risque et/ou le désir de se tester en terre connue ?
Nous sommes évidemment très heureux de retrouver cette scène du Chabada empruntée plus de 20 fois avec La Ruda. La date « à la maison » est le véritable lancement d’un disque. C’est celle qu’on ne doit pas manquer – si tant est qu’il existe une marge de manœuvre – car à priori il y aura plus de monde qu’ailleurs… Sur le terrain affectif, c’est souvent la plus compliquée à aborder, car nos proches, nos potes seront là et leurs retours importent un peu plus que le public au sens large. Ce type de rendez-vous nous réussit en général, car on a l’avantage tout de même d’être en terrain balisé. La mauvaise idée est toujours dans ce type de circonstance de vouloir en faire plus.
8) Quelle importance accordez-vous, d’ailleurs, aux retours publics sur vos prestations ? Sachant que bien entendu, la scène est un peu votre terrain de prédilection…
Nous avons une approche très précise du concert dans le choix des morceaux, des enchaînements… On improvise peu. Le premier est prévu le 12 mars au Gueulard Plus à Nilvange, un autre le 31 à l’Alhambra à Paris, etc. Mais à ce jour, Villa Fantôme n’existe pas encore sur ce plan donc c’est un peu tôt pour moi d’en parler. Nous accordons une place privilégiée au concert, car c’est notre adrénaline, une partie de notre vie. J’en ai fait pour ma part plus de mille. On devine que ce sera le souffle de ce projet, sa réalité. Convaincre sur ce terrain est donc très important, j’oserais même dire vital.
Photos Villa Fantôme: Christian Ravel.