On n’est vraiment pas sorti des ronces, amienoises en l’occurrence. Les jeunes louveteaux sauvages de Last Night We Killed Pineapple se fendent d’un nouvel EP! Les deux frères -l’un fan de U2, l’autre totally in love de « JJG » (entendez par là Jean-Jacques Goldman, notre Dieu à tous)- et leur acolyte, un grand dadais dopé à l’écoute d’ Indochine, dévoilant pour l’occasion quatre titres rutilants, qu’on sent travaillés et qui leur permettent, après une sortie inaugurale déjà de bon aloi, de s’élever plus haut encore. Le festin débute par Un Ananas mort, aux paroles délirantes sur fond de rock up-tempo bien percutant. Fichtre! L’entrain indé du bazar me rappelle Foil et leur deux opus sortis dans les 90’s, ça signifie d’emblée que le rendu convainc son monde. Le rock fruité des gaillards est plutôt vitaminé (elle était facile..), tapageur et de plus, se plait à investir un champ large sans s’y perdre. On brise l’élan, on place des notes fines et des sons d’étoffage remarquables, étoilés. Puis on défouraille à nouveau, parce qu’on aime ça et qu’on le fait bien. Et ouais Biggy! Les grattes de Charles partent en live, la batterie de Mario cesse de bien se tenir. Impeccable! A côté d’eux Pierre, armé de ses quatre cordes, assure un fockin’ groove. Imperturbable, le gonze!
Après ça Looking for, oeuvre de gens qui ne (se) cherchent justement plus, dépositaires d’un style qu’on leur reconnait avec bonheur, place lui aussi son jus sonore alerte. C’est du nectar, gorgé de grattes excitées autant que stylées, sur cadence vive et tirs à vue bien nourris. Et ouais Biggy, bis! On sait faire, on est entouré de gens qui complètent le taf avec conscience et efficience. Plus seul, façon Motorama et bordel j’aime trop ça, nous dépose côté Rostov sur le Don. Dans le même temps, il revêt un chant flottant et des penchants aériens qui lui siéent à merveille. Puis tu as la voix de Mario, au Français qui fait penser. On est bien loti, ici aussi on casse l’élan et ça marche sévèrement bien. Tout s’enchaine comme à la parade, LNWKP n’est jamais en rade. Ni d’idées, ni de dextérité. Rioma braille, là aussi il s’en sort bien. Et sachez qu’en live, c’est du tout bon qui fait et fera transpirer les boys and girls de l’assistance (je parle du public, pas de la DDASS), enfiévrés par la clique samarienne.
Bref, c’est Trouble qui conclut l’EP. L’auditeur il…Trouble, se plaisant à changer d’orientation sur plus de sept minutes soit en rut, soit psyché, soit (soie) célestes, dotées d’une fin noisy et galopante qui dévale la pente. Trop bon! Je les attendais au tournant (celui du bar), mais j’étais déjà sûr du résultat. Je suis conquis, t’façon y’a que ça qu’y savent faire mais t’ inquiètes Henriette, y se démerdent comme des doués. Qu’ils sont et resteront. J’attends, avec une impatience trompée par le travail social, leurs scènes à venir. Je vous intime d’en être, vous y jouirez à gorge déployée de ce Multicolor inspiré, paraphé par une formation dont la passion est le moteur et qui pourrait, si l’avenir le permet, aller chatouiller les fesses des références de l’hexagone sans avoir à rougir de la comparaison.