Darcy, de Bretagne, se veut le porteur, parmi d’autres vrais, d’une révolte que notre ère aiguise. Son « rock français » offensif, porté par des refrains vindicatifs, fait son effet et Machines de guerre, le nouvel opus du clan des quatre, ne se prive pas de cracher son fiel à la face de l’injustice. Puissant, il délivre quatorze torpilles destinées à l’incendie, certaines bénéficiant de la présence d’un Kemar de chez No One, d’un Niko de chez Tagada Jones ou encore de Pierre (Merzhin), histoire de raviver le brasier. Lequel, après une Intro brève, s’allume à grand renfort de guitares plombées (Cuidado). Alerte, rythmé, il pète à la gueule de tous ces cons, comme l’espérait Lofofora. C’est pied au plancher que Darcy déboule, distribuant des coups de boule à ceux qui voudraient nous la faire perdre (la boule évidemment). Solution, de ses « lalala,lalalaaa » fédérés, de son refrain espérant, fait mouche de la même manière. Puis le titre éponyme, compact et riffeur, fait largement honneur à son intitulé. Signataire d’hymnes que les concerts transcenderont, Darcy va droit au but. Travailleur social, j’écoute ce disque d’autant plus fort qu’il sert d’écrin à mon ire. Viens chercher pogo, avec le leader des No one, groove sous basse charnue et catapulte la rancoeur du l’homme rasé, affuté comme jamais.
L’efficience est maximale et bordel, ça fait pas d’mal! Plus loin Rediaboliser, emmené par une batterie sauvage à la frappe effrénée, remet du produit dans le calumet. De la paix? Non, de l’opposition. A cette ribambelle d’abrutis qui du haut de leur richesse, de leur haine à l’humain et de leurs idées viciées, nous tirent vers le bas. Mais on s’y refuse et Darcy, bien entouré, nous épaule dans notre tâche. Kemar déboite Marine, invitée à aller niquer son père. La force, ruade punk-rock maison, remet la colère à la mode. Ben oui, la moutonisation n’est sûrement pas ce qu’il y a de plus porteur. Braillons et refusons, insurgeons-nous. L’étincelle au brasier nous incite, d’ailleurs, à passer à l’action. Et le fait. Furieusement. Cette galette est un concentré de No pasarán!, LBDance fait à son tout barrage et Darcy b++++ la police, un peu comme Saïd. La Haine, du coup, s’invite à la fiesta. Notre hymne, avec le gaillard de Merzhin, fait son punk et scande du choeur, dans l’unité puisqu’en ces temps troubles, l’union fait…La force, comme le suggère l’un des titres précédents. Police partout, Darcy par ici, matraquage…musical. Saccade des drums, textes dopés au contexte. Vagues de mécontentement, dénonciation à grandes rafales de rock sous tension. Machines de guerre, à aucun moment, ne se prend à baisser la garde. Il est dense et intense, pique son homme et sort chez AT(h)OME, à Pantin, là on n’en trouve pas (de pantins).
Photo Laurent Franzi.
On s’attend forcément, pour sa conclusion, à une ultime charge de tous les diables. Mais Darcy, et c’est bien car ça permet la respiration, nous sert un Eva épuré et d’obédience folk, à la poésie amère et amoureuse, écorchée dans le mot. On peut s’arrêter là, Darcy a tout dit et pour ce faire, s’est appuyé sur la smala de la révolte. Il signe ainsi un pavé tout en muscles, athlétique, au verbe sans masque. Avant le Cachemire, à sortir le 25 février, AT(h)OME peut faire le bonhomme et se targuer, dans l’attente, aussi, de la réédition augmentée du Vanités de Lofofora, d’une parution taillée pour la scène et le combat, au son d’une barquette de titres-dynamite sans équivoque.