Projet solo d’un Stéphane Laporte si affairé qu’on peine à le situer, Domotic déroute soniquement, et dans l’approche, depuis 2002. Sur ce Descriptions Of An Unfolding Event climatique, basé sur l’adage « Chords / Melodies / Textures / Rhythms / No words » qu’il s’évertue à appliquer, le bonhomme répète ses textures, les floute, les dissout et au final, intéresse comme il peut générer la fuite sans espoir de retour. Ses treize morceaux perchés, sans réel relief, agissent sur l’esprit et ont le pouvoir d’hypnotiser, de retenir l’attention par leurs motifs (Dreams Glow) mais de manière globale, il faut s’accrocher pour rester en phase. Exposition, pour commencer, propose une minute proche de l’immuable, à tel point que d’emblée on passe à la suite où on s’y oublie. Through phases, par ses sons vrillés, intrigue assez pour qu’on n’en décroche pas…ou peu. Le mental est mis à contribution, à cela il réagit par l’adhésion, captif, ou en prenant la sortie, fuyant. Des rythmes doux surgissent, venant animer cette B.O. spatiale et spéciale que peut-être, nombre d’écoutes répétées valideront. Pour l’heure je peine, pourtant j’y reviens en quête de quiétude (?), incertain de ce que j’y cherche. A moi qui aime le mouvement, l’éraflure, Descriptions Of An Unfolding Event pourrait être un contraire, un improbable. Malgré ça, au détour d’un titre, d’une effluve, j’y trouve matière. A Willingness To Fall Asleep (A Willingness To Be Hypnotized), de mon tourment, fait table rase. C’est peut-être là que réside, s’il existe, le pouvoir de l’album. Son absence de chant m’irrite, ses nappes à la porte du figé m’ennuient mais dans le même temps, répondent à mes désirs d’ataraxie, de détachement, de fuite du réel.
Je le lacérerais volontiers, ce disque à la si belle pochette. Je lui claquerai des chants cinglés, des sonorités saignantes, des cadences à dos de cheval. Morton (pop drums version), doté d’un rythme moins effacé, me sort de ma torpeur. J’y replonge avec Very deep, tout en me soumettant à des lueurs de sons brumeux. L’expérience est décalée, j’aime les disques en marge et pourtant, je ne suis pas sûr de la rééditer. Quelques brouillards plus loin Morton (Gamelan), puis Suspension 2, achèvent ma soif de folie. C’est dans une sagesse atmosphérique récurrente, dans le refus de varier ou plutôt, dans l’infime de ses variations que Descriptions Of An Unfolding Event trouve…du relief? Je n’irai pas jusque là mais ses penchants à ne pas muer le rendraient presque précieux. En tout cas, ils le distinguent. Unbalanced Equilibrium « s’affole » un peu, laisse des bribes de voix s’en extirper, un rythme le ponctuer. Enfin Deeper again, de ses boucles célestes à l’enrobage dark, termine un ouvrage vers lequel on revient, désireux de le comprendre, de s’en imprégner sans garantie aucune qu’à l’arrivée, on lui accorde nos voix. Reste, au delà de la difficulté à s’immerger, un pouvoir d’apaisement certain gentiment troublé, ça et là, par un embryon de rythme, un semblant d’embardée qui très vite brisent leur élan.