Après The very start, en 2018, puis /A\, à l’été 2021, avec Franz Treichler des Young Gods et son batteur Nicolas Pittet, Emilie Zoé nous revient avec Hello future me, nouvel opus autoproduit en collaboration avec Louis Jucker. Comparée à PJ Harvey ou encore à Cat Power -ce qui à l’écoute, en termes de qualité, ne m’étonne guère-, la référence de l’indé Helvète, en esthète DIY, aligne compos profondes et travaillées, tantôt (faussement) doucereuses, tantôt plus appuyées comme l’est l’obsédant Parent’s house et ses accords entièrement enthousiasmants, qui reviennent et reviennent encore. Across the border, en pôle position, ayant révélé dans un premier temps toute la finesse de l’artiste issue de La Chaux de Fonds (ou Lausanne? J’avoue ne plus savoir..). Alors que I saw everything, aux contours trip-hop/lo-fi se déployant sans hâte, aura de son côté étendu le champ d’intervention déjà large de madame Zoé. Parfois insidieuses, parfois plus immédiates, ses créations ont pour trait commun leur valeur, sans fard ni surcharge mais avec, tout de même, la science du détail qui séduit, du climat qui attrape le quidam. En huit plages, pour le coup, qui se succèdent sans aucune linéarité.
Le titre éponyme, au milieu de la route, suinte une folk syncopée, cordée avec beauté, à la majesté évidente que des encarts sombres abiment. On s’y laisse prendre, comme depuis qu’ Emilie s’essaye à nous capturer. Roses on fire, remuant dans sa subtilité, la parant d’une énième effort accompli. Il y a là, encore, tous ce sons qui étayent idéalement, cette alternance entre patine et recoins plus rugueux. Apollo, dans un rock presque glam de parfaite tenue, ajoutant le piment nécessaire à que le tout décolle. La batterie galope, j’adore ça car réellement, ça met un entrain décisif. Tidal Waves (Song for Lautrec) revient ensuite à une trame folkindé céleste, pas loin d’être à nu. Je l’aurais certes préféré, ce Hello future me, un brin plus rocailleux. Mais il brille, sans défauts ni faute de goût, de son amorce jusqu’à ses derniers soupirs. Il est joué et capté vrai, à mon sens dans un esprit live, et vaut autant par ses atmosphères que par l’éclat de ses décors.
Et puis mes désirs, à l’occasion du terminal et bien nommé Volcan, sont parfaitement exaucés. Le morceau, en effet, entre en riffs, sort les griffes et délivre une giclée nourrie, sur cadence lourde. Zoé y place son chant tempéré, les guitares s’y enflamment et diantre, ça envoie du bois! Un break prend place, puis ça rugit derechef. C’est juste trop bon, ça gronde pire que le tonnerre dans le ciel de Suisse. Derrière, de belles notes se font entendre. Oh, ça sort chez Hummus Records et là-bas non plus, la coutume ne consiste pas vraiment à planter ce qu’on fait. C’est d’l’indé bébé, tiré d’une sacrée cuvée de la vigne Zoé où pousse, à intervalles réguliers, de cette grappe sonore la plus fiable qui puisse être.