De la rareté estampillée Sonic Youth, ça se prend et en ce sens In/Out/in, recueil de cinq morceaux instrumentaux de l’ère post-2000 de Moore and Co, vaut son pesant d’écoutes. On y trouve, sans bouder notre plaisir, de longues jams hypnotiques, évidemment rugueuses, que Basement contender inaugure en faisant très bonne figure. Enregistré dans la salle de répétition du groupe, à l’occasion des sessions destinées à The Eternal, il réitère sur près de dix minutes ses notes claires et soubresauts rythmiques. Il est à dominante psyché, se craquèle mais ne rompt pas. C’est sa première sur support physique, sa fin fait dans le chaos un brin plus prononcé. On reconnait là, et on s’en réjouit, la patte Sonic Youth vrombissante, incomparable, qui f(a)it la renommée du clan.
In & out, à sa suite, voit Kim chuchoter façon…elle-même, dans l’étrangeté, au gré d’une trame qui n’est pas sans rappeler les ambiances d’un EVOL. Avec, en fond, des zones d’ombre et fissures soniques qui contribuent à élever le titre. On est alors immergé, avec d’autant plus de bonheur que bien peu s’attendaient à cette parution, dans un univers à part, décalé, expérimental et pourtant si familier à nos écoutilles qui de fait en frétillent. C’est sur plus de sept minutes, cette fois, que Sonic Youth décline ses climats saisissants. Entre notes fines et recoins obscurs, tension grandissante et temps de retombée, il trouve de la portée. Machine, porté par une batterie athlétique et des décharges de guitares, se fait lui plus direct, sur un temps d’ailleurs plus restreint. Il griffe, riffe ardemment et lourdement, pour une fois de plus déclencher la félicité auditive.
On retrouve le groupe comme à ses plus belles heures, ce In/Out/in aiguise par ailleurs l’envie d’en entendre plus. Social static, en abordant la facette la plus libre et noisy de la formation, grince et laisse couler sa lave, abondante. Au delà des dix minutes, il est à la fois captivant et exigeant, bardé de sons étranges, spatial et écorné. Sombre aussi, entre gris et noir, et sans concession aucune. A l’issue Out & In, enregistré à Echo Canyon (NY) en décembre 2000 par Aaron Mullan alors que le groupe incluait son acolyte Jim O’Rourke, étend un instru à nouveau entre clarté et rudesse, sous le joug de tambours insistants. Son mitan s’immole dans un fracas noisy étourdissant, réveillant derechef des sensations qu’il nous tardait de retrouver puis son terme, emballé, laisse libre cours à la crue des guitares. C’est du Sonic Youth pur jus et rassurez-vous bien vite, il n’y a sûrement pas tromperie sur la marchandise. In/Out/in, s’il n’inclut « que » cinq compositions, se destine à en ravir plus d’un. Le tout parait de plus chez Three Lobed Recordings, boutique « ricaine » où le son n’a de cesse de prendre la tangente.