Déjà solides sur ce disque, qui confirmait leurs aptitudes, les Polonais de Trupa Trupa récidivent, de manière plus crédible encore, avec B flat A et ses onze titres indé à la palette large qui s’amorce par un Moving syncopé façon Suuns, aérien dans le chant halluciné et tumultueux dans le rythme imposé. On débute évidemment bien, ensuite Kwietnik nous joue un rock alerte pris dans la vapeur, à la cadence vive mais étouffée. Dans une mélodie soignée mais galopante, Trupa Trupa poursuit avec bonheur. Twitch, lui aussi rythmé, marie ombrage et force de frappe avec, à nouveau, pas mal de dextérité. Il breake, se fait plus saccadé sans perdre en impact ni en « sonicité ». Post-punk, un brin indus aussi, il me rappelle Killing Joke, par bribes. Dans ses pas se présente Lines, fin mais sous-tendu, qui fait mouche en déclinant son ambiance lancinante. C’est par ailleurs chez Glitterbeat que sort le disque et vous pouvez me croire, ce label ne se destine qu’aux meilleurs.
Trupa Trupa « from Gdansk » assure derechef, Uniforms renoue avec un déroulé subtil dans les voix, plus agité dans l’instrumentation sans toutefois éclater, bien qu’au bord du ravin. Il groove sous ses basses, va vite puis se tempère, séduit vocalement. Brillant. On peut faire confiance à Grzegorz Kwiatkowski et ses acolytes pour, à chaque sortie, nous trousser l’album parfait. Lit visite des eaux psyché hypnotiques, il étend le registre et le bonifie. En retombant on se tape Far Away, une autre pépite sur tapis de chant doux et fond vénéneux. All and all adoucit l’ornement, céleste, d’obédience psych-folk. On alterne sur B flat A entre calme et dérèglement, avec panache et maîtrise. On prend note, là aussi, de la beauté des motifs. Uselessness, grondant, réinjecte du groovy incoercible. Dans le même temps il demeure, dans le chant, plutôt spatial. Il scande, bouillonne sans omettre la mélopée, finit noisy. A ce moment on aborde, ou presque, la fin des festivités et rien n’a flanché. Les quatre « amis et capitaines » mènent leur barque sans chavirer, avec le mainmise qu’on leur connait.
En avant-dernière position Sick, chatoyant, honore la facette posée du clan, qui nous gagne par son avancée flemmarde. En tendant l’oreille, à l’écoute, on remarque que B flat A aborde des thématiques sociétales dignes d’être disséquées. L’éponyme B FLAT A a pour mission de finir le job, il le fait avec élégance, posté entre les nuages et s’il marque une baisse de vigueur, entérine une bonne fois pour toutes le statut de clique « approuvée » de Trupa Trupa, lancé » sur la voie d’un succès qui serait loin d’être volé. La chanson instaure un mid-tempo prenant, un climat cotonneux qu’on sent néanmoins prompt à s’encanailler. Il s’en tient à cette douceur un tantinet viciée, en conclusion d’une nouvelle réussite discographique à mettre à l’actif d’un quatuor qui décidément, s’affirme de sortie en sortie et ne cesse de rafler les suffrages.