Issu de va t’en savoir où, Français en tout cas, Bipolar Club pratique un rock fiévreux, puissant autant qu’il peut se poppiser, s’alléger par le biais de mélodies du poids d’une plume, sur son premier EP nommé Issue. Le long de cinq titres qui ne manquent pas de chien, le quatuor alterne avec agilité tempos plombés, beuglantes/déferlantes et beaux motifs, en couplant donc rock, passage proches du stoner et mélancolie sans ennui au bout des courses. A bitter fall, premier de tous les efforts ainsi livrés, tire comme du Deftones, laisse sa voix s’envoler, groove dans le vent. Il reste exposé à la tempête, qui survient sous la forme d’une embardée instrumentale que les vocaux modèrent joliment. Bien qu’intense, le titre d’ouverture demeure bridé et c’est l’éponyme Issue, dark, basé sur des riffs massifs et un tempo plutôt appuyé, qui fait parler la poudre de manière plus ouverte encore. Ca prend bien, Bipolar Club est visiblement dans un espace où ses aptitudes s’expriment pleinement. Soudainement il accélère, dans ses contrastes il m’évoque Shift, ce groupe des 90’s dont la trace s’est malheureusement diluée, et son Get in de valeur. Il va sans dire que le rapprochement crédite Bipolar Club et son répertoire naissant.
Out of my hands, dans cette veine tranchée, guitares excitées, toute en beauté, et rage vocalisée font bon ménage. Bipolar Club performe, se montre en grande(s) forme(s), et valide ses qualités quand survient son Miroir, clippé plus haut, dont la teneur noise m’évoque de loin nos Sleeppers favoris. On est sous tension, celle-ci est bien jugulée mais reste à fleur de peau. Le tonnerre guette, le clan traite de plus de sujets estimables (échec, angoisse, sentiment d’enfermement dans le quotidien…), use pour ça d’une approche toute en contraires qui, à l’arrivée, s’imbriquent et s’ajustent. C’est avec Nothing, d’abord pesant, à l’arrière-plan fissuré, qu’il délivre son ultime assaut lourd et incoercible. S’il faudra bien entendu confirmer Issue, sans défauts rédhibitoires, lui permet de légitimes espoirs quant à la suite de ses aventures. Bipolar Club s’en sort par conséquent bien, voire mieux que ça, en se plaçant d’emblée sur un échelon élevé qu’il serait bien, à l’avenir, d’égaler si ce n’est de surpasser car à l’évidence, ces quatre possèdent les qualités nécessaires à imposer leur registre sur la durée.
Photos Moggy Cor.