Performance live unique, tenue et surtout improvisée le 3 décembre 2014 à l’ Issue Project Room de Brooklyn, « At issue » réunit l’ex-Sonic Youth Kim Gordon et la légende du blues minimaliste Loren Connors. A deux et dans une étoffe « noisy-blues » qui n’est pas sans rappeler les climats les plus crissants et inquiétants du early Sonic, les comparses jouent huit pièces dont la seconde, Track 2 donc, voit Kim incanter, de sa manière reconnaissable et caractéristique, sur un déroulé réitératif qui, ce faisant, parvient à captiver l’oreille tout en la mettant sérieusement à contribution, voire à mal. Le morceau dépayse, avant ça Track 1 aura, pour lancer les réjouissances, drapé l’auditeur dans une décharge de bruit blanc nourri duquel le chant de Kim, déjà, émerge par bribes. Track 3, ensuite, nous jouant à son tour un tour, fort d’une atmosphère à l’obscur impur qui revêt des accents psyché, psychotropes, dus à sa répétition et à ses motifs viciés. Tout ça nous amenant à Track 4, plus opaque encore mais traversé par des notes qui le font « varier ». Sans vocaux cette fois, au gré d’orientations changeantes qui, en dépit de leur teneur expérimentale, s’avèrent être dignes d’intérêt.
Track 5, en mettant Kim au plus haut de ses voix sauvages et angoissantes, sur lit de bruit bien noisy, achève toute capacité de résistance. Quoique…on fuit ou on se plie, on prend la tangente ou on s’adonne à la déjante. Il est cependant indéniable, si l’on persévère et je vouss le conseille, que ce At Issue a le pouvoir de nous attraper, de nous retenir dans ses abimes aux airs de B.O. de notre ère, bien que jouée en 2014. Track 6, pas plus enluminé, oscille entre quasi-silence et montées de noise bridées, aux voix songeuses qui le rendent hypnotique. A sa suite Track 7, émaillé de percus éparses, de sonorités en marge et voyageuses, prolonge l’extase auditive, si l’on peut dire. Ou tout au moins, pour être plus précis, l’emprise de l’opus, de ses milieux, sur nos sens délicieusement vrillés. Kim Gordon & Loren Connors, sur une ultime salve nommée…Track 8, si si, confirmant un constat selon lequel « errance » musicale délibérée et attirance du rendu ne sont pas forcément antinomiques. L’objet sortant, de surcroit, sur deux structures déviantes de choix ayant pour nom Atypeek Music et Alara Music.