Irlandais, de Dublin pour être précis, Silverbacks sonne, à l’écoute, comme si Gang of Four et Talking Heads pour le groove incoercible, les Strokes pour la pop déliée ou encore le chant masculin typé ou les guitares mélodiques (A Job Worth Something) bataillaient sous le même drapeau. Archive Material est le deuxième opus du quintette: il le voit onduler, grésiller, marier les chants avec succès dès l’ éponyme et inaugural Archive Material. Syncopé, le morceau évoque The Ex et fait, de suite, frétiller les sens. Et les gambettes. Passé le A job worth something cité plus haut, Wear my medals carillonne, offre un organe féminin doucereux et des ruades acidulées. Ca fonctionne, sans avoir à forcer le trait. La batterie opère par roulements dansants, le titre se tempère quelque peu. They Were Never Our People, après cela, convoque The Fall dans ses temps de « retombée » et des mélopées à la Julian Casablancas. Si l’on entend, ici et là, les sources de Silverbacks, force est d’avouer que le disque tient ses promesses. Entre guitares qui vrillent, serpentage groovy et abords cools mais ébréchés, on tient là une formation de choix.
Ainsi Rolodex City, urgent, poursuit-il avec brio. Une fois de plus, chants associés et gimmicks décisifs assurent une belle issue. Le tout dans une énergie aussi jugulée que débridée, pour un résultat exempt de défauts. Le tempo s’accélère, puis Different Kind of Holiday propose sons à la LCD Soundsystem, guitares à la Pixies en tout début d’effort. Là aussi, ça groove dans l’étrangeté, dans le tordu passionnant et maîtrisé. De partout fusent des sonorités galvanisantes, hors-champ, qui font le sel d’ Archive Material. Silverbacks garde le cap, il est à noter que sa galette voit le jour chez Full Time Hobby et ça, ça entérine les bonnes dispositions entrevues. Carsahae, interlude lunaire, nous amène jusqu’à Central Tones qui de son côté joue un rock appuyé, passé au soufre, saccadé, qui ne dédaigne pas les beaux airs.
Photos Roisin Murphy O’Sullivan.
Quelques (bonnes) notes plus loin, Recycle Culture confirme. Strokien certes, mais issu avant toute chose de l’imagination fertile de Silverbacks. On se gave, à l’envi, des bruits et ruées dont regorge l’album. Econymo me rappelle Television, séduit par ses plans de guitares amicales, ses vocaux à nouveau à l’unisson. Archive Material est bien serti, bien exécuté, sans failles criardes. Nothing to Write Home About nous sert, c’est ici une constante, des vagues de sons auxquelles on ne peut résister. Il se raidit, reste dans le même temps mélodieux. Silverbacks dépose ensuite, avec délicatesse, un I’m wild entre voix de fille posée et soudains excès, brefs mais remarquables. Le tout, là encore, sous couvert d’une instrumentation notable. Le tour est joué, l’essai du premier LP validé haut la main et l’ouvrage approuvé, fort d’une enfilade de morceaux valeureux.