Dispositif de sound system quadriphonique qui place le public au centre d’un concert interprété par 4 groupes en simultané, soit un « quadraphonic show » avec à la clé une expérience sans égal, La Colonie de Vacances unit Jérôme Vassereau (guitare), Vincent Redel (batterie), Arthur de La Grandière (basse, guitare), Eric Bentz (guitare, chant), Pierre-Antoine Parois (batterie), Rachel Langlais (synth, chant), Eric Pasquereau (guitare, chant), Grégoire Bredel (batterie), Julien Chevalier (guitare, basse, synth), Frédéric Conte (guitare, synth), Jean-Baptiste Geoffroy (batterie, chant) et Nicolas Cueille (synth, chant). La fine fleur, donc, de l’indé qui dérape, issu de formations ayant pour nom Electric Electric, Marvin, Papier Tigre ou encore Pneu, excusez du peu, toutes plébiscitées dans ce webzine.
Avec ECHT, premier album d’une clique qui ne peut se résoudre aux formats connus, on plonge avec délices dans une déviance au delà de l’excellence quand, par exemple, les motifs exotiques triturés de Z.Z.Z. se répètent jusqu’à squatter notre cortex. D’autant qu’en amorce L’amour universel, ruade noise nourrie, aura d’emblée secoué le cocotier avec grand mérite. Dans la Colo, le mono est fou. L’activité proposée, c’est un sorte de jeu de pistes musical qui brouille…les pistes, justement, s’emploie à ne jamais se plier aux règles, bastonne et fait juter des sonorités rarement entendues. Multitude of snakes, entre plans indus et groove aux chants spatiaux, trous d’air rythmiques tarés/syncopés, se chargeant d’envoyer un deuxième tir tout aussi imparable. J’ai d’ores et déjà l’envie de vous intimer de l’acheter, ce disque (surtout) pas comme les autres.
Avec L’odio ha pazienza on se fade, encore, des turbulences d’un autre genre. Batterie toute en nerfs, vocaux aériens, guitares sauvages, climat en contraste entre l’agité et le plus soyeux vocalement, décharges sonores frontales font le job. La Colonie de Vacances, c’est l’assurance de s’en souvenir (des vacances). Notons que le bazar expérimental génialement agencé sort chez Vicious Circle, ça devrait achever de vous persuader tout comme Spectral, mignardise psyché raffinée qui s’en prend à la psyché, dont la fin s’emballe avec joliesse. Alex Weir, pavé noise groovy entre le plombé et le saccadé entrainant, accentuant après ça l’effet addictif du à l’ensemble. Kraut, bouillonnant, il se décline sur huit minutes furibardes où des scories noisy à la Sonic Youth des meilleurs jours succèdent à des réitérations entêtantes à souhait et à des voix une fois de plus décalées du reste. Alors que Les chiens, au gré de virages soniques périlleux, porté lui aussi par des cadences folles, apporte son lot de sinuosité passionnante. On n’a pas fini, ce ECHT exigeant autant que captivant, de le faire tourner dans les chaumières. C’est une galette en colère, créative de ses premières notes jusqu’à ses ultimes assauts.
Photo Jérôme Blin.
La Colo amorce alors ses derniers jours de dézingage stylistique, au terme d’un été mouvementé. Fernweh, trippy, brumeux, calme le jeu sans perdre en impulsivité. Chants délicats, encore, et sous-tension de choix, lunaire, dark et angoissante, aux airs de B.O. dérangée, assurent une issue aussi notable que tout ce qui a pu la précéder. La Colonie de Vacances, avec ce ECHT d’un niveau à susciter la jalousie, nous pond un premier LP tout bonnement flamboyant. On n’en attendait pas moins, après avoir vécu ses shows extrêmes, de la douzaine d’acteurs déterminants de nos terres en marge, qui ici frappent fort et, constamment, se distinguent en imposant leur marque de fabrique. Disponible en CD digisleeve, vinyle classique noir, ou vinyle blanc (édition limitée à 500 exemplaires), l’objet est affublé, de plus, d’une belle pochette qui ne fera qu’en étendre la portée.