Constitué de membres de Constants, Junius et Caspian, hébergé par Pelagic Records, ce qui est un très bon point, SOM en arrive avec The Shape of Everything à son deuxième album. Celui-ci dévoile, abouties, huit plages où shoegaze et plans bruit-mélodies vocales à la Deftones assurent une trame sans défauts. Moment, plombé, presque autant qu’un Godflesh, présente d’emblée des contours plaisants, marie voix douce -celle de Will Benoit (Vocals, Guitar, Synths)- et guitares massives. Ca prend sans peiner, le clan des cinq est loin de faillir. Des riffs solides émergent, des trouées mélodiques également. Animals livre un début ludique dans ses sons, avant la survenue d’une cadence, et de guitares, à nouveau épaisses. SOM s’y prend bien, il maîtrise visiblement le procédé. J’ai pu lire « doom pop » à son endroit, il y a de ça et sur ledit morceau, des voix chuchotées étoffent l’ensemble. SOM jamais n’assomme, bien que puissant dans ses élans. Ses airs soignés lui confèrent de la beauté, en parfaite opposition à ses décharges nourries.
On entend, ça et là, des inflexions post-rock sans inertie aucune, sans répétition irritante. Avec Center, le quintette ne dévie -surtout- pas de son cap, tenu. Shape, digne de Chino Moreno et consorts, enfle puis retombe en intensité. On relève, audible, l’équilibre parfait entre syncopes de bruit et patine plus polie. L’instrumentation est aussi sauvage que bien vêtue, Clocks s’amorce post mais finit par cogner en mode dreamy-noise. On pensera, à l’écoute, à nos Mars Red Sky nationaux. Le rapprochement plaide, on l’aura compris, en faveur de SOM. Wrong, sans amener de variété, se plie à la formule maison. Celle-ci est efficiente, on ne voit guère pourquoi la clique s’en éloignerait au risque de s’y perdre. Heart attack lance l’avant-dernière charge dans un ciel chargé/dégagé, aux airs d’éclaircie dans la tempête. On se laisse porter, ici aussi, par les flux incoercibles de l’opus.
SOM, pour finir, joue un Son of winter à l’introduction fine, qui sans plus attendre prend de l’envergure. L’exigeant mettra en avant, il dira vrai, l’immuabilité de la recette. Le converti, à l’inverse, louera l’impact récurrent de la matière fabriquée par SOM. Il n’en reste pas moins que The Shape of Everything, dans ses ressacs de shoegaze très souvent notables, arrive à ses fins, à savoir retenir l’attention et déposer un style certain. Il n’en faut pas plus pour l’approuver, à l’heure où ses pères s’attaquent à l’exercice délicat -mais couronné de succès- de la confirmation d’un potentiel qu’on n’ira certainement pas leur discuter et qui transparaissait avantageusement, déjà, sur leur parutions précédentes.