Après un premier EP éponyme, salué par la critique, les tourangeaux pas rangés de Rank-O passent le cap du premier album. Celui-ci s’appelle De novo et de nouveau, les mecs y élaborent des trames vigoureuses, délirantes du point de vue sonique, gorgées de gouache et sans reproche aucun. Le disque est mastérisé par Peter Deimel, ça vous parlera certainement. Il a pris forme(s) au Black Box, à Angers. Gallery, d’abord joueur, s’agite sous l’impulsion d’une rythmique pétée du bulbe. Il groove tous azimuts, sert des sonorités inédites, se poste entre post-punk et scories funky endiablées. Il offre mélodies soignées, jubilation dans le son et allant déterminant. Helena, vocalement plus pop mais de travers évidemment, persuade à l’identique. C’est de la pop électrique, excentrique, qui file la trique. Ca m’évoque Mnemotechnic pour l’approche, pour les élucubrations sonores passionnantes. Humans, lancé à toute berzingue, dézingue et laisse libre cours à ses déferlantes de bruits qui castagnent. Le chant s’emporte, nous on s’emballe. Guitares en furie, secousses sans retenue.
Rank-O, ici, fait feu de toute note. Half life se montre plus pesant, dans une forme de psychédélisme qui obsède car ne rechignant pas se répéter, tout à la fois céleste et batailleur. Rank-O ne se tient pas pas trop, c’est dans ses turbulences qu’il s’approche de l’excellence. Coups de semonce noise, eux aussi réitérés, méchamment hypnotiques, et basse grasse font bon ménage. Cold rush, entre vocaux adoucis et ruades de la cadence, alterne le mélodieux et le plus noisy à la Sonic Youth, parfois, dans les guitares. De novo permet au groupe, audiblement, de franchir un échelon supplémentaire. Boris Rosenfeld, Camille Pierron, Antoine Hefti et François Rosenfeld aiment à changer de braquet, de texture, sans que la démarche n’entrave leur bonne marche. John, presque hip-hop, balafre ensuite un post-punk à la !!! (Chk Chk Chk), surexcité. On valide, De Novo. Cent mille, en Français, ratisse côté 80’s électrisées/ébourrifées-riffantes. J’aime autant que de la crème: le morceau se pare, de plus, de notes triturées et de coups de bélier bien sentis.
La fin arrive, l’auditeur est de toute façon d’ores et déjà conquis. Alors Cheetah, fou et alerte, termine de manière juteuse. Sons imaginatifs, encore, et bondissements rythmiques, vocaux enjoués, énergie non jugulée portent l’album très haut. Ce dernier sort, en outre, sur trois labels qui l’ont bien belle, entièrement dévoués à la cause indé. Rank-O en tire profit, il aligne les perles et paraphe un skeud imparable, marqué de son empreinte et jamais emprunté, qui prolonge dignement l’ep cité en début d’article.