Damned, c’te poussée de barjotisme musical! Prends une équipe où tu as, d’un côté, le franco-belge Rraouhhh qui se compose de Sophie Monroy au chant/synthés et Arnaud Marcaille aux synthés…tiseurs, cf la pochette du Split. De l’autre, LR666 qui inclut le Crabe (aka Cancer) au chant et Mehdi aux machines. Demande un titre aux premiers, cinq aux seconds et te voilà projeté dans un abime de déjante sonore, que Rraouhhh impulse avec un Cardio où électro cinglée, pointes kraut bruitistes et chant noyé dans la brume se donnent le change. On aime d’autant plus que les motifs et dégueulis sonores se réitèrent, jusqu’à plus faim. En plus de ça, ça dépayse ma chère Elise! Sur douze minutes en rut, psychotropes à souhait. Alors tu penses bien, on prend et plutôt 12 fois qu’une! Dommage, toutefois, qu’il n’y ait ici qu’une seule salve de la paire à se mettre dans le falzar. Ca pas grave être (la langue française est très malléable), puisque voici venir dans la foulée le En vrai ça va de LR666. Ah ouais pas faux, en vrai ça va grave bien même! Synth-punk, sons à la Battant, chant haineux, on a là tout ce qu’il faut pour se faire retourner l’ciboulot. Z’ont pas trop l’air de vouloir rigoler, ces deux-là. Errance urbaine, techno-cold, toujours punk dans le verbe, narre la dérive. Qualitativement, dans le propension à déchausser, c’est du haut de gamme. Prenons en note que le bazar sort chez La Face Cachée, histoire d’en remettre une louchée, en collab’ avec d’autres baraques aussi crédibles.
Oh, voilà des claviers encore plus follichons que ceux des B 52’s! Ca braille, encore, jusqu’à l’enrouement. Ca sent la bière tiède, la rue, les chemins de traverse où il pleut averse. Mauvais en tout, mauvais en rien, enfonce l’épingle. A nourrice. Rythme sec, sonorités à nouveau dingotes, chant sans joie. C’est l’bonheur! Détestation, sur les mêmes tons, se fait vaguement psyché quand ses nappes font des loopings bien vertigineux. Ces gars-là auraient largement leur place au Nuke, dans ma ville, un soir de brouillard givré. Gorgées d’acide sonique, au mitan du truc des notes quasi-guillerettes prises dans l’élan d’un ensemble sérieusement frappé. Ca prend direct, ça se boit comme de la Marie Brizard. Démons, à l’issue d’une série qu’on n’a pas vue défiler, marie Pravda, Métal Urbain, les Bérus et Ludwig von 88 mais rappelez-vous bien, c’est LR666 qui pond magistralement, sans raison castratrice, cette enfilade de mignardises déviantes. On approuve, acquis à sa cause, le Split LP de deux formations délibérément en marge, qui le temps de six plages nous emmènent dans un monde bancal et sans illusions, si ce n’est celle du son que l’objet en présence ravive avec une certaine marque.