Parcours fourni en bandoulière, rencontres décisives à la clé, l’affairé Jérôme Pietri s’était fendu, sur son dernier effort en date (Gone fishing, en 2014) d’une fournée blues roots « down home » à teneur acoustique, en one-man-band capable de performer avec trois fois rien. Sur Last of the fishing days, il revient à du groupal jouissivement frontal, en phase avec les 70’s dont il transporte avec brio la bouillonnante énergie. Grattes en rut à l’appui, il « brulote » d’emblée quand se présente Monkey on my back et son blues ondulant, un brin funky, passé au chalumeau rock. Le propos est fortement écologique, la pochette en atteste. Musicalement, on est ici sur les cimes du savoir-faire et ça n’étonne que bien peu. Le mec a fait du chemin, pourtant il se refuse à s’endormir sur ses lauriers. Il offre solos wild, dextérité récurrente et sert là un melting-pot sonore que Plastic island (the 7th continent) raffermit par le biais d’une tirée d’abord strictement blues, avant de prendre de l’épaisseur, de rugir via les guitares et de faire valoir un duel vocal notable. Bien ouvragé, l’opus réserve sa palette de pépites, dont ce If it bleeds it leads découpé dans un rock pénétrant aux touches…blues, ça va sans dire!
Fort bien Mr Pietri, vous nous revenez intact en portée. Rabid dog, sur batterie lourde, funke et slappe, forçant aux déhanchements. Il riffe dru, en exercice fusion maison qu’il ne s’agira pas de mettre en doute. Promu par Kebra’s Records, Last of the fishing days est servi par le vécu, l’agilité d’un bonhomme fiable. Fishing in the rain, sur ses rails bluesy typés, cartonne à son tour. Pietri pue le vrai, dos tourné à toute attitude vendeuse. Money, justement, lâche une cover bourrue et personnalisée. La touche Pietri, en furie, valorise un disque de toute façons sans failles. Blood money, rapide, finaud aussi, twiste et mord les fessiers. J’aime, sans conditions, la vigueur chaloupée de l’opus. Son jeu, attractif. Big brother boogie y insuffle une force blues qui elle aussi tangue, vire presque surf/rockab’. C’est bon à entendre, un chant féminin vient par ailleurs enjôler le tout sans trop nous cajoler. C’est exécuté, ce machin-là, avec l’assurance de ceux qui maîtrisent leur carnet de route.
Collagen woman, riffs façon AC/DC en poche, pose ensuite un rock plombé. Dix titres, dix trésors sans aucune platitude. Voilà ce que donne Last of the fishing days, effort sacrément authentique. J’en remercie Pat Kebra, qui via la Poste m’a envoyé la rondelle. Celle-ci est sulfureuse, elle crache et fait parler la poudre avec un putain de panache, avec en son mitan un break de choix. Trophy, excitation rock’n’roll d’une puissance qu’on s’empressera de valider, se charge d’en border rageusement les contours. Avec une telle livraison l’ami Pietri, qui n’a rien à voir avec Julie, se dote d’une oeuvre majeure qu’il vous faudra écouter fort, très souvent, en ayant l’assurance qu’au bout du compte poindra la félicité auditive.