F.A.T.? Ma parole, c’est l’bordel chez eux! 3 répertoires différents caractérisent en effet le trio lillois: Post Rock / Math Rock, Rock Alternatif et Rock Électro sont, tout à tour, enfantés par l’un des musiciens. Avec ce Tree dont le « coupable » est Paul Ménard (guitare, feedback) épaulé par les deux autres trublions F.A.T.iens (Thomas Coquelet : basse, micro-contact) et Pierre Pasquis : batterie), on se situe dans un rock à la rêverie viciée, bien empaquetée, que What is this for? fait groover d’emblée. D’abord funky, ensuite aériennement alerte, vocalement typé, il se fait souple et racément sulfureux. J’entends par là, racé dans ses abords de soufre. Another round suit, lo-fi, lui aussi typé dans son chant. On use de bruits imaginatifs, on joue un truc qui ne se définit pas mais qui, invariablement, attrape l’esgourde. En surprenant. Folk, songeuse, salie avec panache, la chanson est Atypeek, comme son label numérique, et déviante comme les sorties à la Araki, où naitra sa version physique. C’est pour ce mardi, ça aussi c’est Atypeek et soyez prêts car la galette, réellement, vaut son pesant d’écoutes.
Inner shout, encanaillé par ses contours mélodico-noisy et ses syncopes rythmiques qui ondulent sévère, entérine d’ailleurs l’orientation intelligemment fantaisiste du groupe.
Maybe even better, à la durée plus conséquente, fait le fin et dégage un climat dont la beauté menace. De rompre, mais sans le faire. F.A.T., à la majesté chantée, instrumentale aussi, décisive, offre ensuite un Cowboy moderne qui bouillonne et étincèle musicalement, trace sous l’effet de sa batterie, fait le sauvage, demeure classe dans le même temps. Ces trois givrés, c’est une certitude, sont de sacrés zigs. Créatifs, en marge et un peu barges, il balourdent des brèches sonores magiques. C’est l’orage, la rage, à laquelle succède des motifs superbissimes, encore un coup. Pfiioou, c’est d’la bonne c’te came-là, sonique et sans limite de prise. Bretagne, dans un post-rock qui s’agite, vire tempête et se plait à vocaliser dans la magnificence, nous laissant pantois.
On aimera F.A.T., je le sais, pour sa subtilité. Pour ses embardées. Pour son refus du confort, du conforme aussi. Pour son accroche, de travers et pourtant parfaitement placée. Pour ses sons d’ailleurs, dérangés. Pour son Tree, assez bluffant. En son terme Down, après une premier volet posé, attaque plus ouvertement. Reste, intact, l’éclat. Auquel on succombe, tout en trippant sur les notes et temps farouches du disque. Down se finit, délicatement. Il le peut, ses auteurs raflent la mise. French attitude theme, rugueux, bruitiste et efficient, a de plus le bon goût de clore dans le nerveux. Il est rock, direct, compact, fait de syncopes fatales. Un superbe effort, de groove affolé et d’élégance constante, en phase directe avec l’esprit inhérent à ses deux structures-mères.