Ils furent Sixpack, dans les 90’s, dont le Reading history trône encore sur mes étagères. Ou Zero Gain, pas moins notable, un peu plus tard. Stephanois, ils sont désormais Vanilla Blue et à l’écoute, oh my god, on dirait bien qu’ Hüsker Dü meets The Posies, they fuck and then Vanilla Blue appears. Avec, dans le chant et les inflexions, une pincée de The Last Brigade (Sam Guillerand, si tu me lis…). Dark cities, le premier album d’une formation à laquelle on ne peut la faire à l’envers, dévoile onze bourrades dont Nineteen Something, le label des héros du peuple, a pris le plus grand soin en les éditant sur sa branche Twenty Something. Le disque est rentre-dedans, juteux, vitaminé. Dance With Me balance grave d’emblée, il conjugue guitares bavardes et chant insistant. On dance with him, enjaillé. Du rock, du vrai, qui se pète la gueule à la mélodie enflammée, soit son élixir favori. Writing A Song, seconde « berceuse » d’une puissance mélodieuse absolue, achevant ensuite de nous rassurer sur la forme actuelle des vétérans du Forez. Lesquels, non contents de nous régaler, claquent ensuite ce Boring Nights, Endless Days à l’urgence énergique qu’un harmonica vient border sans dérailler mais en déjantant pour notre plus grand plaisir.
On est dans le rock, dru, sans courbettes. Call My Name s’encanaille à son tour, livre des choeurs pris dans un tir tendu. Quand arrive Come Lover, on en est à cinq « bullets » et zéro bullshit car ici, c’est le haut de gamme qui s’installe aux commandes. On lui greffe de beaux airs, poppy mais vivaces. For Those We Left Behind, au début de la face B, calme le jeu suivant des airs fins. Il a du cachet, son chant se velours et se fait crooner. Superbe transition, avant que Your Prize Idiot ne riffe cru, au départ, jusqu’à suinter un rock « musclélégant ». Toi qui cherches la faille, tu fouineras en vain. Vanilla Blue fait feu de tout bois, rougeoie, va vite, décélère un peu, met du poids sur son Dark Cities éponyme. Il est fou de voir, d’entendre, à quel point ces soldats des 90’s restent, à l’heure actuelle, si performants. A quel point ils sont su durer, perdurer, endurer, sans jamais foirer. Purée, nous voilà du coup avec une autre offensive nommée An Easy Game To Play. Solos courts et efficients, rythme débridé. Rock franc du collier. Idem quand se pointe Harry, appuyé. Dark cities m’évoque, c’est dire sa valeur, le dernier Bob Mould.
Pas une minute, pas un instant, on n’a eu l’idée d’en décrocher. Bien trop bon, il se termine avec un The Pain Is Over qui, loin de rendre les armes, castagne un rock bagarreur. Tranchant, sans trop d’équivoques, fort d’harmonies à beugler du matin au soir, Dark cities t’explique ce que rock signifie. Signifiant il est, on ne tardera d’ailleurs pas à le jouer compulsivement, un peu comme des déments. Dans son format vinyle + cd inclus, il étincèle et remet au goût du jour, magistralement, une assemblée de mecs doués sur lesquels l’âge n’a aucun effet négatif. C’est même tout l’inverse et les onze tires de ce skeud de maîtres, d’une dynamite redevable au punk-rock mais loin de s’y limiter, s’incrustent durablement dans les moindres recoins de nos zones à plaisir. Oh j’allais zapper, c’eut été dommage: Pierre Pitt Sampras (Burning Heads) a enregistré l’album. Spi (OTH), Sven (NRA/Human Alert), Salim de Six Pack y apparaissent aussi. Plus rien à dire…