Dans une Secte à 2 et depuis 2018 Grégory Duby (guitare ; membre de K-Branding, Jesus Is My Son et Solah) et David C. (batterie ; membre de Vitas Guerulaitis et Tat2noisact) brodent les contours d’un son dépaysant, un brin post-rock mais aussi, et surtout, changeant, sereinement fougueux (Syria, second titre de ce disque éponyme), dos tourné à tout ce qui peut se qualifier. 332, trip de départ fin et céleste, prend déjà un chemin de traverse. Issus de la scène noise, les deux hommes jouent aussi un Ethiopia au rythme bancal, nacré avec goût et dans le désir de dérouter. Fin de sabbat, porté par des élans « from the desert », s’agite sans perdre de sa magnificence. Il est difficile, tant elle nous échappe, nous transporte, de décrire sa mixture. En lieu et place on s’en drapera, jusqu’à l’avoir saisie. Ou pas car Secte, dans ses méandres des quatre coins du monde, perdra quelques-uns d’entre nous. Seuls resteront les audacieux, les curieux, ceux que l’investigation sonre poussée ne rebute pas.
Longa D, presque surf, les fera glisser sur sa vague, impétueuse, racée et saccadée. For miles, passé ce temps fort, les ramènera à des abords posés mais qui vite se troublent et, quoiqu’il en soit, se font voyageurs. Orientalisant, sans genre précis, Secte se voue à divaguer. Il le fait avec talent, à chacune de ses étapes les sens sont mis à contribution. Sans voix, il est malgré ça éloquent. Le titre éponyme, sur plus de six minutes à la joliesse griffue, s’en vient fermer la marche…de travers mais assurée, inédite, d’une paire qui se plait à prendre des contrepieds. Ca captive, celui qui reste en phase s’expose à vivre un moment hors-champ. Un torrent de beauté, une succession d’appels à quitter nos bases dont Arnaud Marcaille l’affairé, lui aussi sacrément déviant, à pris soin d’assurer l’enregistrement. Secte ne ressemble à rien d’autre d’un tant soit peu connu: c’est pour ça qu’on l’aime et que volontiers on le suit, de manière parfois laborieuse, le long de ses sept pistes aux airs d’exil sonore délicieux.