Suisse, Al-Sarwib s’appuie sur des sonorités inédites, fusionnées, qui lui permettent de se démarquer. Après Mesa (septembre 2017) sort Loin des Terres en s’inspirant à nouveau de Leï, leur héroïne, dame en fuite ayant écrit une lettre d’amour à son fils. C’est de ce dernier qu’il est ici question, principalement et Sur la mer, sans nous laisser le choix, nous embarque dans une sarabande désertique, bluesy et trippy, dans une langue de Molière dont les Helvètes peuvent être fiers. Leur disque sent le voyage, l’envie d’ailleurs, et propose des mélopées enivrantes. Jolis riffs, secousses dépaysantes, dansantes, et voix alliées incitent à une audition poussée. Parfois fiévreux, l’album dévoile ensuite La ville maudite. Un effort d’abord obscur, que les voix éclairent. Sons mystiques, orientalité décisive. Percus tribales. On vire de bord, à nouveau, vers des terres inhabituelles qu’aborde égalementPositive Louies, porté par les mêmes élans différents, entre mélodies et poussées rythmiques. C’est chez Creaked Records que sort l’objet, là-bas aussi on a l’air d’aimer la divagation.
Des incartades d’obédience rock, bienvenues, s’invitent. Le « Superimposed Asymmetric Rhythm With International Bluesguitare » d’ Al-Sarwib ondule, peut rugir mais le fait somme toute assez peu, voire trop peu. Ca n’empêche sûrement pas, loin s’en faut, la bonne tenue de ce Loin des terres bien nommé. La Secte des Neufs Éléphants convoque l’Anglais, marie blues et rock, s’emploie avec succès à ne pas briser l’élan d’une virée musicale qui fait son effet. A chaque morceau joué, correspond son lot de transports sonores. L’armée noire, sur fond de percus, se fait aussi fin que rude, s’emballe en sa fin. Mirage, pourtant bien réel, ensorcèle à l’aide de notes saccadées, d’une énergie toute en groove racé. On note, là aussi, la belle allure de l’étayage. Le morceau breake, mue psyché. Il s’agite ensuite, à nouveau, dans ce parti pris déroutant mais que bien vite, on assimile car profitable il est.
Al-Sarwib, en effet, vaut avant toute chose par son propos, ses textures, son décalage vis à vis d’une norme à laquelle il n’aspire pas. A la fin de la route Les Terres Abandonnées, avec son chant aigu, ses incrustes et percussions qui emmènent une nouvelle fois, serpentent, tutoie les cieux ou plutôt, leur sommet. Al-Sarwib, désireux d’explorer, de nous surprendre, de se forger un champ stylistique bien à lui, confirme que dans cette entreprise, il est de manière audible sur la bonne voie. A la croisée des genres, il cimente ceux-ci sans s’y perdre, quitte la piste verte, se hasarde là où la marche est plus risquée. Au terme de son parcours se niche un second jet qui s’il exige logiquement des écoutes insistantes, laisse filtrer après celles-ci une bordée d’effluves addictives.