Idée géniale, issue des deux labels Nothing Is Mine et Flippin’ Freaks, que de réunir la crème de l’indé français pour, sur vingt-huit titres qui viendront percuter notre nostalgie, rendre hommage à Nirvana. Influencesticide: A French Tribute To Nirvana, la compil’ ainsi créée, sert une tripotée de reprises de premier choix, où les cliques convoquées mettent de ce qu’elles sont sans jamais dénaturer l’original (quoique..). L’initiative vient d’ Hugo Carmouze, à l’écoute on s’en caresse les gougouttes et Opinion, chargé d’ouvrir le bal noisy, joue un Heart-shaped box grinçant autant que sensible. Vingt-huit grenades c’est beaucoup, on est gâté et contrairement à mon habitude, je n’irai pas jusqu’à tout décrire. C’est dimanche bordel! L’audition est suffisamment éloquente, j’y ai décelé par exemple le délire punkysant de MSS FRNCE sur Lithium, coverisé dans notre langue. L’urgence de Johnny Carwash, avec ses chants barrés, avant lui. La présence de fleurons ayant pour nom MNNQNS au Drain you délicieux, Marietta qui transcende et « électroïse » I hate myself and I want to die (until Ben Wallers accepts my apologies), Equipe de foot qui syncope superbement Something in the way. Amour Courtois aussi, moins connu mais signataire d’un La reine des fixatifs (d’après Nirvana) au climat chanson doux-amer vaguement jazzy. Ca va sans dire, tout se prend ici et on prend conscience, si ce n’est déjà fait, de l’incommensurable valeur de nos groupes. Space Mojo, sur Sifting, instaure une planerie nappée d’envolées triturées. TH Da Freak donne son Opinion, lo-fi et alerte. On ne peut qu’en tenir compte, c’est d’ailleurs le cas pour tout produit émanant du projet.
Tout est bien, tout est ok et même un peu plus que ça. On a en sus un Kursed Kobain qui se fend, lui, d’un Heart Shaped Pissings (a territorial pissings cover) insidieux et soniquement aérien. Cosmopaark trousse son Sappy, lourd, bruitiste, mais aussi très délicat. J’adore, j’adore tout anyway. Trainfantome décline, dans une vêture électro-cold géniale, motorik, Negative creep. On n’a pas fini, ce recueil, d’en pousser le volume. Aquaserge, fidèle à son talent, dévoile une perle absolue avec About Aquagirl, siffloté, à nu, doté de « pa-pa-paaa » magnifiques. Total illégal, cru et riffu, déflore Very ape. Le truc est à prix libre, il vaut assurément qu’on lui refile nos pièces. Kim Ivanenko, sur Beans, joue une « psychélectro » psychotrope, alerte, groovy. Bordel, je kiffe ces choses-là ma chère Adèle! Julien Gasc élague In bloom, l’affine, le sertit joliment. Sentimental Gosier balance un Tourette’s dont on chopera vite le syndrome. Si Don Nino termine avec ce Rape me mystique et dépaysant, il importe de saluer, aussi, la performance de tous ceux que mon écrit ne cite pas. Pretty inside par exemple, qui met son brio indé éraillé au service de Clean Up Before She Comes. Ou Hugo Riché, dont le Do Re Mi met le french at the honneur, avec subtilité. J’adore grave, vous adorerez aussi car Influencesticide: A French Tribute To Nirvana, en plus de mettre notre scène en avant, impose une splendide série de reprises aussi savoureuses les unes que les autres. Ah et puis t’as les bien trop Stoner Bud’s qui, histoire de pimenter le couscous, y vont de leur Territorial Pissings au taquet, jubilatoire comme l’est l’entièreté de l’hommage qui a la bonne idée, pour définitivement nous convaincre, de ne pas inclure l’hymne interplanétaire de Kurt and Co à sa tracklist.