Théo Gosselin (batterie) et Thomas Baignères (guitare, chant, passé par Le Spark, Flare Voyant ou encore les Darlings) constituent Gasoline, paire qui turbine un rock sous haute tension, prompt à envoyer mais qui sait, aussi, se faire propret et distingué (Hey boy, perlette cordée du plus bel effet). The orange album est le premier LP du duo, on y trouve dix créations sur lesquelles les gaillards du merveilleux Celebration Days Festival, musiciens aguerris et passionnés, épaulent leur potes avec dextérité. Les débats s’enflamment directement, au son d’un Feel the love riffeur et tranchant, joué pied au plancher. Un standard? On dirait bien, en tous les cas on se fade d’emblée un titre qui transpire et rugit, se syncope sous les drums de Théo, dans une couenne rock authentique. J’écris quasiment un mois avant la parution officielle, je vais me faire déglinguer mais qu’importe; The orange album, rougeoyant, vaut bien quelques lignes (ne voyez pas là une ode à ces produits superflus que pour ma part, j’exècre: ma came à moi est là, sonique, faite d’écorce rude et d’écorchures garage auxquelles Sugar mama, blues endiablé, file une p+++++ d’allure). Parce que chez Gasoline, en plus d’être épris, on joue pas mal du tout.
Whisky & sangria, intense, le démontre et nous offre, enivrant (elle était facile..), une nouvelle salve rentre-dedans où les guitares, sauvages, échappent à tout contrôle. Avant que Ballerine city, d’abord délicat, ne baigne dans un rock’n’roll burné. Le tempo s’emporte, on est ici devant une évidence qu’il est bien difficile de réfuter: Gasoline, fort de ce disque dont Maud Chalard et William Nothin’ ont signé la splendide pochette, alors que Louis Morati l’a mixé et enregistré, frappe fort d’entrée de jeu. Ballerine city charme, sur sa fin, à l’aide de « lalalala » enchanteurs. N’oublions pas, surtout pas, que Gasoline parvient tout aussi bien à se faire beau. Hey boy, cité plus haut, en apporte la preuve en se parant d’une pelure folk finaude. A l’étayage tu as des artistes comme Miko Lippens, Louis Morati encore, Valentin Contestin, Pierre Matifat ou Valentin Lallart. J’les connais bien, je les ai vus à l’oeuvre à de nombreuses reprises et croyez-moi, c’est du très solide.
Photo Guillaume Nothin.
En parlant de solide Standing on fire, incandescent, un brin indécent, crache un glaviot rock percutant. Il a la rage, tambours et guitare s’unissent dans une tempête « on fire » des plus efficace et accomplie. A sa suite No more trouble, épuré, dévoile une facette pure, sous-tendue toutefois, avec panache, de Gasoline. Il s’envole, dans un écrin d’instruments racés, entre puissance et subtilité. Je pousse alors le volume, cet aprèm’ mon public précaire m’attend mais avant ça, j’aurai pris mon bain de décibels purificateurs. A new pill in town, acéré, m’en sert une pleine bolée. J’entends les Stones -si si- dans l’exercice, dopé (pardon…) à la voix gouailleuse et découpé dans du granit garage maison. Le gars Gosselin sonne la charge, son compère l’accompagne sans flancher. Voilà une sacrée giclée, qui laisse place à ce Who’s gonna stop me? quasiment aussi offensif. C’est bien peu de dire, à l’écoute, que la clique assure et se distingue.
Elle vire, une fois de plus, à l’enragé. Elle le fait avec pétulance, dans l’excellence, au gré d’une musicalité de nature à complètement la valider. Là où beaucoup baissent la garde, en fin d’album Without a friend joue un rock bourru, allégé par son chant et nappé, entre autres, par un orgue qui l’élève. Je l’attendais d’oreille ferme, ce skeud qu’une date à la GAM de Creil en compagnie de deux autres fauteurs de troubles viendra bientôt ponctuer. Reçu bien à l’avance, écouté douze douze mille fois ou à peu près, c’est ma tartine rock de ce début d’année. Without a friend, seul car ce son là, je me le garde égoïstement, dans un premier temps, avant de la propager sans compter, je m’en nourris avidement. Gasoline, pour un « debut album », plaçant la barre très haut déjà, à la hauteur d’aptitudes que sa galette éditée chez Celebration Days Records décline magnifiquement.