Italien, de Bologne pour être précis, The Black Veils joue dans la cour cold-wave. Carnage, son dernier album en date, recense neuf titres inhérents, donc, à la mouvance et qui réussissent, de plus, à étendre la fenêtre de tir du quatuor. Celui-ci flirte aussi avec le post-punk, fait usage de guitares incandescentes, d’une rythmique souple mais assurée où la basse aime à se faire rondelette. See you at my funeral, histoire d’amorcer les choses sans cueillir de roses, convoque l’urgence d’un Joy Division. Ca permet un début réussi, alerte puis syncopé, que les synthés allègent. Il s’en échappent de belles mélodies vocales, soit pures, soit plus torturées. Rabbits, plus ouvertement saccadé, marie l’opaque et l’atmosphérique. Il se fait, dans le chant, mélancolique. Hyenas, offensif, renoue avec des penchants belliqueux. Il y a du savoir-faire, audible, dans l’effort des Black Veils. On relève, de surcroît, la sortie du disque chez Icy Cold Records où rarement, on reste sur notre faim sonore.
Lamourlamort, où la basse charpente encore efficacement, sert une cold-wave froidement mélodieuse. The Black Veils roule sans déjanter, part à l’attaque non sans finesse. Il emploie de jolis motifs, This Is Going to Hurt les présente en les couplant à une trame appuyée. Ca bouillonne, dans ce registre-là le clan s’en sort à nouveau avec les honneurs. Il est à ranger, de manière certaine, dans la cohorte des cliques qui sans tournebouler leur créneau, lui font largement honneur. Phantom Limb Syndrome, lui aussi leste, étaye d’ailleurs avec brio ce Carnage solide. Gregor Samsa: Vocals; Mario d’Anelli: Guitars, Backing Vocals; Filippo Scalzo: Bass, Backing Vocals et Leonardo Cannatella: Drums, Backing Vocals, unis, font bien le job. Ils se montrent impliqués, inspirés, réguliers en qualité. September Kills ralentit: il obsède aussi, et à nouveau, avec sa basse charnue et ses notes de guitares remarquables. Mais c’est le tout, ici, qu’il faut saluer.
Le chant, sur ce titre, assène par ailleurs un refrain qu’on reprendra. Plus loin Death By Arrogance, en avant-dernière position, laisse une voix en Français épauler son break et créer la surprise. Il sent le soufre, mais n’omet pas la subtilité. A l’issue Cities On Fire, qui me rappelle Frustration, balance un post-punk fiévreux aux choeurs virils. C’en est fini, Carnage a fait ses preuves et n’a pas failli. The Black Veils, après leur Dealing with demons de janvier 2017, s’affirment et confirment en exécutant neuf plages sans temps morts ni plantage dans le rendu.