D’abord basé à Bruxelles, pendant une décennie, Georgio Valentino est ensuite retourné dans sa Floride natale jusqu’à se fixer finalement en Grèce, à Athènes. Il y a conçu, avec l’appui d’une ribambelle d’invités de prestige (notez donc: Blaine L. Reininger (Tuxedomoon), Mick Harvey (The Birthday Party, PJ Harvey), Craig Walker (Archive), David McClymont (Orange Juice), Malcolm Ross (Josef K)) et j’en passe car la liste, impressionnante, est longue mais explique partiellement la valeur de ce second disque intitulé Lines of flight, huit titres sans immuabilité. Devenir Imperceptible était déjà très bon: l’album en présence l’imite sur une durée plus restreinte, certes, mais en faisant valoir d’irréprochables créations. Fanfare + Lines of Flight, dans un premier temps…fanfare, en effet, puis pop de velours, voit le bonhomme décorer avec goût, chanter crooner, dans une légèreté soyeuse. I’ll Be Your Turtle Shell suit avec, de son côté, des tons quasi similaires. On débute dans une certaine quiétude, au gré de sons chatoyants.
Plus loin Bound [Athens], magnifié par le violon -celui, à n’en pas douter, de Blaine L. Reininger-, instaure une virée au fond grisé, à nouveau bellissime. On pourrait toutefois reprocher, à ce début d’opus, une récurrence trop marquée pour le beau, sans encarts plus sales. Heureusement Sleep alone -signé, originellement, Rowland S. Howard-, un tantinet funky, aux voix cinématographiques en ses premiers instants, s’agite et sent le soufre. A côté de ça, il s’emploie à rester bien mis. C’est une réussite, une de plus, qui cimente et complète le tableau avec efficience. Les guitares s’enhardissent, une rythmique souple fait tanguer le morceau. Bien épaulé, artiste qui plus est de talent, Georgio Valentino tire son épingle du jeu. Après quelques « lalala » vigoureux, c’est Bound [Berlin] qui lâche ses notes aériennes. La chanson, entre secousses et douceur enveloppante, est elle aussi bien ornée.
Dans ses pas The Temptation of Saint Georgio, syncopé, entrainant, marie les chants, s’assombrit, chuchote dans le noir. Il breake, bluesy, avant de retomber dans une cadence presque martiale. Magnifique. En dépit d’une rondelle courte, Valentino brille et fait honneur à ses collaborateurs. #gothgf, alerte et, comme à l’habitude, paré de sons imaginatifs, retombe lentement en intensité pour se nuancer, puis s’emballe derechef. On ne peut plus, à ce moment précis, contester la bonne tenue de l’ensemble. D’autant que Schizoid Grifter Blues, sa dernière danse sertie au violon, élégante mais aussi amère et sauvage, vient le clore avec aplomb. Georgio Valentino, après deux sorties, mérite d’ores et déjà toute notre estime et nous prouve son savoir-faire, illustré ici par des compositions de choix.