Enregistré lors des sessions d’ « Environs« , superbe dernier opus de Rodolphe Burger, House Music porte bien son nom. Non pas en regard du style musical qu’il véhicule -on en est heureusement bien loin-, mais plutôt parce qu’il fut enfanté à la maison. Constitué de remixes (Bleu Bac, FX of Love) et de reprises de Kat Onoma (La Chambre, John and Mary, No Poem et Private Eye), il s’amorce par une relecture de Bleu bac signée Julien Perraudeau et Human Koala, dans un climat vaguement trip-hop qui dépayse et erre à sa guise. Bluesy en fond, électro dans son ombrage, syncopé, il endosse une nouvelle peau et ce, sans y perdre en beau. On se fait piéger sans renâcler, une fois de plus, par le sens de l’ambiance inhérent au sieur Burger. Qui, sur John & Mary (en duo avec Sarah Murcia), développe une trame à la subtilité jazzy-blues racée. Le duo de voix est magnifique, on évolue là dans les sphères les plus élevées de la distinction. No poem (avec Philippe Poirier, qui fit en compagnie de Rodolphe les beaux jours de…Kat Onoma), immédiatement après, suintant un rock vicié, sous tension bridée. Ses guitares rugissent avec classe, ici aussi, et l’atmosphère s’empare de nos sens. Une envolée écorchée plus loin, parée d’un nouveau duel vocal, on atterrit pour vite reprendre l’envol, au son de ce Private eye (inédit sur un texte de Kat Onoma, autant dire une gâterie) aux secousses douces-amères.
La marque du chant, fatale, appuie le discours d’un Rodolphe Burger qui, quoiqu’il fasse, s’en tire avec classe. La chambre (version alternative avec Christophe), merveille de subtilité, associe les deux organes et, de ce fait, décuple sa splendeur. On en note, bien que déjà connue, la prestance verbale. Bleu de Chine (inédit du confinement), orageux, traversé par des sons dark, se fait orchestral autant que menaçant. Il ferait presque bon, si ça se traduisait dans la fréquence par ce type de nouveauté, se retrouver confiné. N’exagérons toutefois pas; Rodolphe est aussi excellent en live, donc libre. Son set de qualité supérieure à l’ASCA de Beauvais, il y a peu, en atteste. Fx of love (remix par Tricky, ni plus ni moins), aux riffs détournés qui font saigner, taillé dans une électro/trip-hop sulfureuse, esquisse une dernière touche de choix, addictive, pour la lier au registre de House Music qui s’apparente, par sa valeur jamais mise à mal, à un cadeau de Noël qu’il importe de se procurer. A l’instar, logiquement, de tout ouvrage porteur de la touche Burger.
Photos live (ASCA de Beauvais) Will Dum.