Guitariste au sein de Fragile Figures, Kai Reznik s’attache les services, pour ce nouvel EP solo nommé While The town’s sleeping, de Sasha Andrès qui officie chez A Shape et s’est auparavant distinguée chez Heliogabale. Elle prête sa voix, ici sur le ravin du sensuel, plus loin dépaysante, dans d’autres recoins inquiétante et le gaillard Reznik lui concocte des écrins beaux et tordus, d’un genre qui ne se livre pas. My black ink inaugure les débats en instaurant, justement, une forme de déracinement. Electro, sombre et vaporeux, il réitère des motifs prenants. Il prend un chemin, bien entendu, quelque peu détourné. Il percute rythmiquement, se dirige dans le même temps vers des contrées éloignées. Sonars, en deuxième position, instaure un peu le même voyage, dans le sens où il visite des terres nouvelles. Inclassable, un brin B.O. dans son atmosphère, il se fait vaguement trip-hop et Sasha, de son chant qui en toute occurrence donne du cachet au rendu, ne se prive pas de le sertir.
Les sons, une fois de plus, s’adjoignent à l’ambiance enfantée pour saisir l’auditeur. Ils font le beau, en contrepoint avec d’autres tons plus gris. La cadence se syncope, le morceau s’entoure de lumière et d’obscurité mariées. Beneath & Beyond Night walk, dernière des trois pièces de l’ep, joue une électro lunaire. La paire Reznik/Andrès explore; pour le coup elle oppose les timbres, dans un dialogue barré. While The town’s sleeping, par sa déviance et ses climats, vaut le détour mais nous demandera plus d’un tour avant d’être assimilé. Le fond se fissure, s’agite, mais l’ornement ne se dépare pas d’une beauté sonore qui elle aussi, fait la sève de l’opus. Celui-ci sort en toute logique chez Atypeek, puisqu’il l’est, et permet aux deux belligérants de poursuivre de manière probante, avec ce While The town’s sleeping bref mais à estimer, un parcours jalonné par des sorties au sujet desquelles le terme « hors-champ » constitue une parfaite description en termes d’approche et de conception sonore.