Chalet vient de Rouen, il produit donc un bon boucan. II, sa deuxième sortie et premier « long play », recense ainsi neuf bourrades où math mais pas trop, noise, rock et post-rock débattent dans l’harmonie. Tantôt instrumental (un Opening d’ouverture -mazette, quelle imagination dans le tracklisting!- d’abord joliment retenu, puis bien plus franc et riffeur, lestement syncopé, et Southpaw, lui aussi bourru et saccadé autant que fonceur pour une parfaite amorce), à d’autres endroits chanté (Encore, perlette indé appuyée), ouvragé à l’aide de sons bien pensés, il happe l’oreille et séduit par ses paysages sonores. Par sa fougue, aussi, conjuguée à une certaine beauté. Par ses accélérations qui ne préviennent pas, fatales et qui détalent. Straße Gespielt griffe à son tour, dans une matière rock sans équivoque, et galope noisy en se rapprochant d’un Sonic Youth. Le bazar à la belle pochette sort chez Araki et Guru Disques, ça aussi c’est tout bon. Chalet entre en crue, se plait à quitter son lit comme une rivière qui déborde. Au mitan de ce II qui vaut bien un 10, Amusing Glimmer scande et déboule, tout aussi agité. A Rouen, c’est pas possible autrement, le rock est dément, plus que présent. C’est même, j’irai jusqu’à dire, un mode de vie. Chalet lui fait honneur, rageur et doué, peut-être même tatoué. Wave Equation (ode to), histoire de parfaire l’opus, enfle pour ensuite s’affiner. Il alterne les deux options, même le clair et l’amer.
Nous voilà donc bien, avec entre les fouilles de quoi combler notre soif d’écarts. Flip Fold va d’ailleurs dans ce sens, direct et joliet dans son jeu. Un peu plus loin Alx, d’un format un peu plus long, débute spatialement. Il se hache, dégage une fumée psyché. On relève, ici et encore, de belles notes. Le morceau parait se brider, avancer sur un fil. Son atmosphère captive, de même que ses abords dark. Lesquels, finalement, s’habillent de sons lumineux. Chalet fait montre de dextérité, gagne à nouveau en intensité, trace parce qu’un moment donné, il ne peut s’en empêcher. A l’issue de ses pérégrinations Promise, qui approche les sept minutes, joue une dernière fois sur les brisures, les successions d’ambiances, très tranchées et pourtant parfaitement alliées. Sa voix, également, change de ton. Elle hurle comme elle susurre, on oscille avec elle et on se laisse malmener par un écrin sonore en mouvement perpétuel. Chalet, d’un bois solide, vient de nous trousser un II de valeur, sans creux, à la hauteur des capacités d’un trio décidément crédible et inspiré.