Je n’osais l’espérer, la Cartonnerie l’a fait. Convier les frères Reid soit The Jesus and Mary Chain, légendaires Ecossais dépositaires d’une noisy pop que Psychocandy notamment, en 1985, porta aux cimes. Avec, pour ouvrir joliment, Rev Magnetic qui a eu l’honneur, pour sa part, d’être signé chez Rock Action Records aux côtés des Mogwai et autres Arab Strap. Le temps d’un verre dans le bel espace créé par la structure rémoise pour prendre un godet et se restaurer -le temps, aussi, de retirer en billetterie le sésame ultime qu’est le pass photo-, et nous voilà à attendre, avec une patience toute relative, l’ouverture assurée par ces Rev Magnetic à la dream-pop splendide, matérialisée par l’excellent Versus Universe. Luke Sutherland, le leader, a transité entre autres par Long Fin Killie, Mogwai justement, Jomi Massage, Bows, Music A.M., Hauschka et Hynd. Expérimenté, il sait faire. Il s’entoure de plus idéalement, une bassiste française de charme le seconde au chant et le registre déployé, réellement envoûtant, nous enveloppe dans une rêverie que de temps à autre, des zébrures soniques s’amusent à déchirer. Rev Magnetic, tout en beauté, en vagues soniques de choix, « erre » entre les styles, flirte avec le shoegaze et finit par conquérir, de manière définitive, une foule où règnent les quinquas.
Rev Magnetic.
Rev Magnetic est magnifique, c’est sans conteste notre trouvaille du soir mais avouons-le, il nous tarde d’entrevoir les frangins de Glasgow, venus nous jouer leur Darklands à la pop charmeuse…et pas seulement, loin s’en faut. Fiévreusement posté côté gauche, consignes obligent, je vois le noir se faire. Me reviennent en tête, en un éclair, toutes ces heures passées à épuiser les rondelles du groupe. Les 90’s, l’indé farouche, le rock à guitares, le grunge et la fureur. Je m’extirpe de ces vagues de nostalgie, l’éponyme Darklands et Deep one perfect morning s’enchaînent comme aux premiers jours. C’est de la pop qui brille, d’éclat. De la pop qui, aussi, fait se mouiller les yeux car sincèrement, je n’escomptais plus entendre ça en salle. Jim est classe, sobre. Derrière, son frère et le reste du clan assurent en aguerris qu’ils sont quand bien même William, sur certaines amorces, patauge quelque peu. On s’en amuse, c’est le bonheur qui prévaut et quelques éclairs soniques plus loin, dont un Down on me irrésistible, ou encore ce April skies griffu, About you et sa patine folky conclut l’affaire. Jim salue, on est un peu perdu car la crainte se profile de voir le set tourner court, dans l’élan d’un flux de joie sans précédent.
The Jesus and Mary Chain.
Que nenni, tout le monde revient et c’est une bordée de morceaux piochés au hasard de la discographie JAMC qui nous est livrée, le fabuleux Happy place en tête de liste. Everything’s allright when you’re down suit, bruitiste, underground, velouté aussi. Je peine à réaliser, comme à tout moment de plénitude sans bornes. Taste of cindy, lui aussi grésillant, remet une couche de fuzz et de noisy dans le set en cours. Magique. Le reste défile, merveilleux. Drop évoque l’énorme Automatic, drapé dans une parure pop-folk soyeuse. I love rock’n’roll nous rappelle que Munki, en dépit des critiques reçues, reste un p+++++ de disque. Le tout se solde par un Kill surf city de noirceur, sonore, moucheté de guitares en crue. Autour de moi beaucoup dansent, d’autres sont dans l’extase, presque inertes. La troupe salue, à nouveau, mais c’est pour mieux nous charmer ensuite avec Just like honey, magnifié par Audrey Bizouerne de Rev Magnetic, en duo avec Jim donc. Quel bonheur, quel élan de vie que ce concert d’autant plus marquant qu’on ne peut s’assurer de revoir le groupe ensuite.
The Jesus and Mary Chain.
C’est Never understand, noisy as hell, qui clôt la fête. Je n’épiloguerai pas, je viens de vivre un temps qui se passe de mots et panse tous les maux. Un set qui plus est généreux, truffé de morceaux d’ores et déjà entrés dans l’histoire. Remercions donc vivement La Cartonnerie, incontournable SMAC de la cité rémoise, pour ce moment et, car ce n’est pas fini, tous ceux à venir car assurément, nous reviendrons sans tarder investir les lieux.
Photos Will Dum