Après l’ouragan Buttshakers, précédé par la non moins marquante Tamar Aphek, L’ASCA de Beauvais conviait le jeudi suivant La Phaze, trio de routards aguerris dont le retour récent, avec à la clé des sorties discographiques de taille, a eu pour effet de raviver notre flamme d’insoumission. Noise Generator, duo où l’on trouve K-Shoo, ex-Dirty District et Boost, accompagné par un gaillard de chez Charge 69, faisant valoir pour débuter un registre hybride, à base électro-punk, qui ratisse large et flirte autant avec le dub, le dubstep que le breakbeat ou encore hardcore. Notons bien, en préambule, que la parcours des deux acolytes leur permet une réelle audace et leur scène valide, de manière parfois déroutante -on a parfois la sensation, en effet, de passer du coq à l’âne mais le rendu demeure probant-, un patchwork dont émanent de délicieuses effluves de Boost, époque A toi de voir.
Noise Generator
C’est tout vu, il faut parfois suivre et s’accrocher mais la paire délivre un répertoire à elle, syncopé, batailleur lorsque le frontman éructe ou mime le combat. Laurent Noise (guitares, programmation, synthé) et K-Shoo donc (chant), surprenants, déblayent joliment avant que La Phaze, particulièrement affûtée, s’en vienne mettre le feu dans l’antre isarienne où trônent quelques anciens, de ceux qui savent et ne se seraient, pour rien au monde et j’en suis, passés de cette salve rageuse salutaire. C’est Speaker Louis, derrière sa table à groove, qui amorce l’attaque. Mazette!, ça balance déjà grave ! R.A.S., déclare le premier morceau. Tu parles, il y en aurait tant à dire. Séquences électro, fumée reggae et guitares mastoc s’endiablent et c’est parti, La Phaze tape une phase et nous avec, dans le sillage d’une set-list qui puise dans une discographie de b+++++, à l’image des frappes de Benjamin Pavard. Damny tchatche comme jamais, Arnaud lâche du riff qui griffe et se contorsionne, pire qu’un gymnaste un jour de compétition. De temps à autres, Speaker Louis empoigne la basse et forcément ça Tabasse, comme l’indique l’ultime morceau avant le rappel.
La Phaze
Je suis aux anges, les titres forts s’enchaînent et on se déchaîne, Comme David Buckel enfin à peu près. Rude boy percute l’assistance, il y a chez La Phaze une force live, un impact tout en groove et en muscles, métissé avec l’adresse des meilleurs, qui placent le trio au-delà de tout soupçon. Johnny Jamma dépayse, frétille, lâche du gimmick festif. Sourire au teint de glace, volubile, lucide et alerte, en remet une louche. On pourrait citer, gagné par leur qualité, leur interprétation colérique et euphorisante, tous les titres joués. La Phaze distribue des beignes, de tout premier ordre, direction la gueule de ceux qui tirent les ficelles. Avoir 20 ans, énième briquette maison d’un cru supérieur, nous dégueule sa férocité cuivrée. Comment tu veux, si normalement constitué tu es, résister à de tels arguments sonores, verbaux et posturaux? Inconcevable, copain de l’assistance. La langue, à la finesse poppy doublée de propos estimables, précède un Assaut final qui fait honneur à son nom.
La Phaze
It’s over, c’est passé comme un éclair dans le ciel et tu en repars gonflé à bloc, revigoré par la tambouille La Phaze. Wicked, wicked ! Inside my brain c’est la révolte, portée par un Rebel à l’écoute duquel je songe, en pleine crise de félicité, au set d’Asian Dub Foundation fin octobre, à la Manufacture de Saint Quentin. La Phaze, au forceps et au talent, vient de nous talocher comme on l’escomptait et c’est là tout ce qu’on lui demande, dans l’attente de sorties à venir dont on ne peut mettre la bonne tenue en doute.
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Photos Will Dum