The Wooden Wolf c’est sept albums d’une folk qui envahit l’espace, bien que minimale. L’artiste venu de St-Pierre & Miquelon, basé en Alsace, a enregistré ce Songs of the Night Op. 7 sur cassette audio à l’aide d’un TASCAM Portastudio, l’un des plus anciens enregistreurs K7 4 pistes. C’est dire la vérité insufflée dans son boulot, aux saveurs de bouleau, que Laurène Laurène fait reluire dans une douce allégorie sortie d’un écrin lo-fi qui sied parfaitement à notre homme. Une batterie tranquille, mais insistante, met de la vie dans l’amorce, d’une belle écorce. Ca sent le vert, les espaces ressourçants et ça n’étonne personne, le terme s’applique sans peine à ce que fait The Wooden Wolf. Sensible, sa voix ne peut tromper sur ses ressentis. Girl of my dreams et son jeu fin, superbe de dénuement, charpente un début d’opus enveloppant, nacré par un ornement aérien tout bonnement magique. Just to be a witness l’imite, ici on n’est pas dans le mythe mais au plus prés de ce qu’on éprouve. Just to be a witness se passe de rythme, il a pour seule parure le chant et des atours épurés qu’un violon(celle?), si je ne m’abuse, vient toutefois vicier.
A sa suite Hungover dawn, s’il le fallait encore, crédite lui aussi son auteur dans une vivacité qu’on ne réprouvera pas. The Wooden Wolf maîtrise tout: l’émotion, le son censé la relater, l’écriture, l’approche, adaptée à ce qu’il a pour but d’exprimer. Son timbre, ici, pourrait évoquer Troy Von Balthazar dans ses sorties solo. I don’t know I don’t know revient à une trame posée, décorée elle aussi par des motifs discrets mais impossibles à ignorer. Notons que c’est chez #14, bien belle structure, que parait l’objet. Ca ajoute à son authenticité, Lonely pants et son dialogue cinématographique de début dotent le disque d’une nouvelle touche chatoyante, presque douloureuse dans le ton. Joliet jusqu’à sa pochette, Songs of the Night Op. 7 apaise et pousse à la méditation. Daniel (dream) y souffle un vent dark, bluesy, tiré à la même source émotionnelle. On s’abandonne, il est bien évident que l’être aux manettes de l’affaire détient ce don, cette capacité à nous emmener.
Plus loin John Fante’s blues, aux chants unis dans un gris d’ automne, étend la séduction. How I killed Mr President, attrayant rien que par son appellation, en remet une pincée. C’est la sobriété qui prévaut, le recours à des détails de choix exempts de tout surpoids. The Wooden Wolf chante, joue pour nous, jamais très éloigné. On le croirait présent, tant son discours sonne réel. Mr President étant à présent hors d’état de nuire -on n’osait l’imaginer-, on peut poursuivre l’écoute sans crainte aucune, danser, même, osciller, en laissant sa soie nous flatter l’épiderme. The night-blooming love s’inscrit dans cette veine tristounette, dépouillée, au moment où se profile la fin des « festivités ». J’aurais aimé, j’aurais voulu, un peu plus d’incartades. The Ghost, dernière pièce légèrement acidulée en son fond, m’exaucera partiellement. J’aime quand The Wooden Wolf, sur ses tableaux bien peignés, met un brin d’hirsute.
Photo Aëla Labbé.
A l’arrivée, en tous les cas, il est bien loin d’aggraver son cas. Sincère au possible, il s’offre une septième épopée à son image, frappée d’un savoir-faire qui, évidemment, en souligne l’éclat. On parle peu de ces musicien qui comme lui, ont en toute logique bonne presse mais s’affairent dans l’ombre -dans la nuit, irai-je jusqu’à dire, en l’occurrence-, bien plus portés à peaufiner leur ouvrage qu’à se placer sous les feux de la rampe. C’est, assurément, le meilleur des procédés; celui qui, visiblement, les amène à construire des oeuvres dont la qualité ne peut en aucun cas se discuter, à l’instar de ce Songs of the Night Op. 7 d’une honnêteté totale.