Mule Jenny est le projet solo du « very busy » Etienne Gaillochet, actif par ailleurs et entre autres chez Zarboth et We Insist!, où il pratique une musique à angles non droits. Avec Mule Jenny, il peut arriver qu’au détour de certains titres, on retrouve ces méandres, cette explosivité, mais elle est ici plus larvée (Every Other Rendition). Joueur, « chercheur », Gaillochet poursuit sa joute sonique, s’attaque à une pop souple et belle, parfois plus belliqueuse. L’apport -exclusivement scénique- de Max Roy et Théo Guéneau (Lysistrata), issus d’une autre formation en vogue actuellement, est par ailleurs évidemment estimable. In The Classroom joue pop, vole au vent, s’assombrit mais conserve la « lumière » inhérente au genre. Il s’engonce dans de beaux airs, vocaux et ornementaux. On a déjà envie de fredonner, Cross The Line suit sur un ton moins enlevé et tout aussi séduisant. Il chaloupe, varie les timbres, s’enflamme avec classe. Si l’on tient compte de la dextérité du bonhomme, nul étonnement à ce que le rendu soit si bon. Sign Your Name On The Dotted Line, finaud, aérien mais sans la moindre trace d’ennui, valide mon constat.
Nouveau projet, qualité du jet. Le Every Other Rendition cité plus haut clôt la face A avec patine, il dégage le terrain pour un We Won’t Make A Sound où les claviers et autres « outils » créent un superbe écrin. Lequel, faussement serein, s’anime au gré des délires Gaillochettiens en vigueur. Sur All These Songs Of Love And Death tout se prend, des tracés folk aux mélodies à la base pop en passant par des textures sonores modérément complexes, inventives, que couronnent les riffs secs et soubresauts de We Won’t Make A Sound, justement. Avec le Maxwell Farrington, à paraitre le même jour chez Beast Records, Crème Brûlée Records et Nef D Fous, la sphère indépendante s’enrichit de deux pièves non négligeables. The Petrels Are Gone sautille, claudique, flamboie. Il se saccade, pose des ruades bridées puis plus fougueuses. J’adore, meilleur que du bon pain l’bazar de Mule Jenny! Joy And Deception calme le jeu: notons que l’opus traite, en vrac, de l’âge, l’orient, la fin de la démocratie occidentale, l’amour, le dictateur Joseph Staline, la folie, la mort ou encore les mots.
Il est beau, à l’image de Joy And Deception et sa quiétude aux voix alliées. Ou, dans ses pas, de ce Give Chance A Chance un brin funky, dépaysant, irrésistible. A la fin t’as plus faim, Mule Jenny t’en a mis plein l’cornet. All These Songs Of Love And Death, le titre éponyme donc, finit le travail dans la splendeur vocale, dans l’harmonie envoûtante. On ne compte plus les efforts du sieur Gaillochet, on sait « seulement » que tous méritent qu’on les explore. Sur le final la batterie amène vie et « élasticité », les chants font le reste en s’élevant dans les cieux. All These Songs Of Love And Death est brillant, ouvragé avec passion, avec le coeur sans oublier d’y mettre de ses tripes. Et c’est magnifique, ce « diqse » enregistré entre amis, entre habitués reliés par la dextérité et l’implication dans toute entreprise menée.