Duo nancéien, -ii- marie indus, trip-hop « coming from the dark » et voix qui fend la brume, électro…dark, là encore, et nappes de bruit tantôt brut, tantôt harmonieux. Son tumulte est personnel et Extinction, après, notamment, le Lighthouse de septembre 2018, déploie tout ça sur neuf titres qui attirent la curiosité. Tenebrism, bien nommé, impose sa lancinance pour ouvrir, dans la retenue, le bal sombre des Lorrains. Take a trip in the daaark, répète Hélène, au chant. Ca incite. A ses côtés fusent, acides, des bruits qui angoisseraient si l’univers de -ii- ne se révélait pas si attractif. Passé ce trip dans l’obscur, donc, The rings of Saturn dépose une seconde chape de noir, syncopée, qui oscille entre rafales et tempérance. La voix en émerge, séduisante dans ses airs brumeux. Il m’arrive, à l’écoute, de penser à Kill the Thrill. Void va et vient, entre…mes écoutilles. Il enrage, (s’)enflamme, insiste rythmiquement. L’impression initiale se confirme: on tient avec -ii- une formation capable de dessiner ses propres contours.
My flesh, bruits indus et fond vrillé en poche, en fait montre. Il enfle, libère des guitares guerrières et viciées. Slave se saccade, puis s’emballe dans le rythme. Extinction, au sein de sa diversité, de ses changements de ton, trouve sa cohérence. Climatique ou plus appuyé, il insinue une identité grandissante. Fire in the streets se bride, sur le fil. L’implosion s’annonce, des secousses surviennent d’ailleurs. Puis des encarts souillés, groovy aussi, leur font suite. -ii-, dans son petit monde très nuptial, parvient à une belle assise. Il surprend, dans un premier temps, avant qu’on s’entiche d’une approche bien à lui, distillée avec aplomb.
Photo Roland Marotel.
L’assimilation se fait par l’atmosphère, par ces lignes de chant magnétiques, ces abords cold aux fréquents excès sonores. November skirt file, presque mélodique, serti de belles guitares qui tendent ensuite à virer noise. Purify sonne le dernier assaut, ou presque, en ondulations éthérées. On aime, chez -ii-, alterner calme -relatif- et intensité. On scande, aussi, sur ledit morceau, avant de faire rugir le tout. Tout ça, mis bout à bout, permet un rendu qui se démarque. Alan Douches masterise l’album, c’est la certitude d’une qualité assurée. Zero day, en toute fin d’errance de nuit, débute en se réitérant. Il finit, comme la plupart des chansons de l’opus, par gagner en impact. Le paire est adroite, notons-le bien, pour donner un relief majestueux, écorché aussi, à ses compositions.
Sur celle-ci on découvre, une fois de plus, des sons bruts et fins à la fois. Un chant qui marque, des chaloupes rythmiques loin de sonner forcé. Tout ce beau monde a ouvert pour Health, après audition d’ Extinction ça n’étonnera plus grand-monde. C’est à la Malle à Disques, disquaire indé de ma ville d’Amiens, que j’ai croisé le chemin de la voix d’ -ii-. S’ensuivit un échange d’infos menant à ce disque personnel, peu aisé à classer -on ne s’y risque d’ailleurs pas-, aux teintes dark sacrément attirantes.