Duo nouveau sur nos scènes, doté d’un registre cold/new-wave underground et irrésistible pour qui aime ces climats-là, Blaues Einhorn unit Charlie, au chant en Allemand qu’il est difficile de rejeter, au timbre marqué, et Flavien alias FLVN, membre d’ Order 89, qui triture les machines. Nicht Essenziell est le premier ep de la paire, il sort chez Her Majesty’s Ship et présente quatre lingots dark qui narrent, sans se planquer, les affres de notre époque. Le discours se base sur du vécu, ça l’authentifie et Pariser nacht, sur un ton à la Vox Low, initie la première descente dans les tréfonds d’un groove cold grisé, désabusé, que la langue de Goethe « illumine », si je puis dire. On entend, déjà, ces touches sonores qui auront raison de nos défenses. Labyrinth, deuxième perle sombre du répertoire ainsi créé, prend la même tangente en se faisant vaporeux. Puis il hausse le rythme, lâche lui aussi des sonorités aussi bonnardes que minimales.
Avec trois fois rien Blaues Einhorn, qu’on a déjà envie de plébisciter mais gardons-nous de toute hâte -il importe, en ce bas-monde, de faire preuve de circonspection-, fait du gringue à l’auditoire. La durée étendue de Labyrinth étire son effet, il breake en tutoyant les nuages et revient ensuite à son implacable avancée. Ses nappes s’acident, se psychéent, obsèdent sévère. Charogne, saccadé, frétille obscurément. On se fade avec délices, encore, une pluie de sons et cadences dédiés à dévier. Nicht Essenziell l’est (Essenziell, évidemment), sans nul doute. Il s’insinue, sans tarder, dans notre mental mis à mal auquel il apporte baume, sonore, et écrin sécure de nature froide et entêtante. On ne cherchera ni l’issue, ni la fuite: on leur préfèrera l’abandon à ce monde sans couleur, dansant, sous-terrain, qui s’oppose aux prétentions purement mercantiles de tout un bataillon de formations fabriquées..
Le titre éponyme, torpille électro-cold aux boucles virevoltantes, paraphe l’entrée de Blaues Einhorn, plus qu’admissible, dans le milieu des musiques à la glace attirante. Le Nicht Essenziell de Charlie et FLVN, associés pour la bonne cause, celle d’un courant plus que jamais en vogue, leur offre l’opportunité d’imposer, valorisé par l’EP en présence, une approche qu’on sent tenue, maîtrisée, étayée par sa vérité et l’absence de faux-semblants. On ratifie donc, ça va sans dire et dans un noir plaisir, l’avènement en nos terres d’un projet à surveiller de toute évidence de très près.