Suisse, issu de Genève et créé en 2013 par Tania Silversen et Al Castro, Killing Volts rassemble, sous la bannière fusion alternative mâtinée de rapcore, des routards de la scène helvète. Symptomatic Dilemma (of a Post-Capitalist Mind) est leur premier album, après un ep sorti lui en 2016. Entre temps le clan est devenu indépendant, fondant son propre label, bâtissant son studio et s’affairant seul à mixer et enregistrer ses morceaux. On ne peut que l’en louer, à l’écoute l’opus fait preuve, de surcroît, d’un certain impact. Il m’évoque le groove rageur d’un Skunk Anansie, le métal « alterno » des 90’s et la vague fusion. Love Sailed, en ouverture, fait son Skin, tanne une sorte de funk-métal enragé. Tania, au micro, oscille entre détermination colérique et vagues plus mélodiques. L’amorce est bonne, on peut commencer à se dire que la démarche instaurée par Killing Volts porte ses fruits. Les vocaux flirtent avec le rap; celui qui conteste et se mécontente, hardcore, ans complaisance. Mr Trouble contribue lui aussi à la bonne avancée du pavé, dans une veine rock high-energy qui voit le chant, encore, varier ses tonalités. Ca castagne, ici, comme on aime et des incrustes de guitares mélodieuses, issues du métal mais sans trop bucheronner, valorisent l’effort.
Au bout de deux titres, le quatuor persuade déjà. Not a Saint sert un début retenu, riffe lourd et sombre, s’emballe saccadément (entendez par là, « en se saccadant »). C’est un bon cru de plus, je me prends à espérer que Killing Volts s’en tienne à une intensité durable. Mais Low, sans être négligeable, se montre trop avenant. Pour moi, tout en demeurant notable. This Game, dont la batterie ondule, est lui aussi moindre en impact, mais malgré tout abouti. Killing Volts diversifie son disque, on ne peut l’en blâmer. Ses riffs restent puissants, sa valeur ne se délite pas ou pas trop. Another Man’s War, aux reflets 70’s que la voix modère, le démontre. Rattlesnakes, compact, joue un rock-métal honnête. Il brise l’élan de départ, conserve un fond en tension. Au mitan des tendances, Killing Volts s’en tire plutôt bien et propose un amalgame assez solide pour lui apporter du crédit. Parasites, en dernière position, affine le trait. Un peu trop, une fois de plus, pour ma personne.
Photo Samuel Python.
C’est quand elle rugit que je préfère la formation des montagnes: elle le fait mais pêche à mon sens, sur cette dernière salve, à vouloir orner sa rage. Le rendu, je le répète, n’en est pas pour autant mauvais, loin s’en faut. Le final suinte même, il fait bien, des derniers instants rugueux. Au bout du compte Killing Volts, excellent dans ses temps de révolte sonique, livre un Symptomatic Dilemma (of a Post-Capitalist Mind) globalement de belle facture, vaut aussi par son esprit insoumis et autonome, et débute sa construction identitaire d’une manière persuasive, dans l’attente de sorties à venir qu’on lui souhaite au minimum aussi nerveuses voire plus. Ce qui, à mon sens, le doterait d’un surplus non négligeable de portée sonore perfusée à la furie. Ce n’est là, une fois encore, que l’humble avis du dopé à la rudesse que j’ai toujours été…