Après Out in the dark, puis son Hour after hour qui m’a malheureusement échappé, Magon revient avec un troisième opus intitulé In the blue. Un disque où le rythme baisse -un peu la garde, où la pop domine mais sans que l’artiste venu de Tel Aviv, mais parisien depuis plus de 10 ans, voit ses vertus s’amoindrir. Il continue, effectivement, à signer des efforts convaincants. Forever et ses airs Pixiens dans les guitares ouvre d’ailleurs dans un velours poppy alerte, ça lui va bien au teint. With Your Man affiche les mêmes prétentions, s’acidule, très Bossanova. On aime déjà, Maharishi Mahesh Yogi conforte d’ailleurs notre approbation. Il est lui aussi vif, pop, un brin Velvetien. Si Magon avait eu à confirmer, ce serait chose faite. on n’en demandera pas tant, sa discographie plaide en sa faveur. On n’est que peu étonné de le voir atterrir chez Howlin’ Banana, où voisinent des étalons indé très fréquentables, en collaboration avec December Square.
The Willow renvoie, à son tour, ce cool pris dans une dynamique plutôt acérée. C’est le « truc » de Magon, l’alliance de bure et de soie. Il s’y consacre dans une simplicité qui le rend immédiat, l’exempte de complexité et de ce fait, nous permet de ne pas décrocher. Inside Your Head rajoute du cool, délié, dans le marmite. On s’y laisse prendre, c’est aussi le cas d’un Words tout aussi plaisant. Sans forcer, dirait-on, Magon poursuit sa route sans déraper. Il le pourrait, un peu plus, soniquement parlant. Il se contente de hausser le ton sans trop en faire, In The Blue entérine même les penchants poppy de sa nouvelle fournée. Ca suffira, je resterai peut-être sur ma faim en termes d’embardées saignantes mais qu’importe, l’essentiel est que le bonhomme nous refile un disque achevé.
Egyptian Music, plus tranquille encore, fait montre d’une étoffe estimable. Ca aussi, c’est un atout Magonien qui fait la différence. les voix s’y associent, dans un climat réellement apaisant. Il arrive, cependant, que le tout se hérisse, modérément. On sent l’artiste apaisé, l’opus a d’ailleurs été composé autour de la naissance de son premier enfant, une petite fille du nom de Jackie. Ca pose son homme, Now That She’s Gone pose une banderille plus mordante et, par la même occasion, poinçonne comme pour la valider cet album d’une belle trempe. Un ouvrage cohérent, Reedien de par son filet de voix. 1000 years l’illustre bien, il finit le boulot en revêtant de beaux accords. D’aucuns diront, ce n’est pas faux, qu’ici tout se ressemble. Ce n’est que négligeable; la qualité, elle, perdure.
In the blue est une bouffée pop d’éclat, aux abords parfois mélancoliques, qui s’enhardit peu mais qui, lorsque cela survient, grimpe une marche supplémentaire. C’est un travail sincère, le troisième déjà, tout de même. C’est bien assez pour considérer que Magon, maintenant, peut se targuer de figurer parmi les projets confirmés, dotés d’une identité, dont la pertinence n’est plus à mettre en doute.