Londonien 12 ans durant, parisien depuis 3 ans, Rémi Parson dévoile Pour un empire, son troisième long play, sur le label lyonnais Isolaa Records. Ce dernier fait suite à 2 albums et 2 singles et une poignée d’inédits disséminés sur des compilations très recommandables (le morceau Brexit notamment, écrit et composé à 4 mains avec l’amie Marion Brunetto de Requin Chagrin). New-wave et indie pop y président, l’opus fut enregistré seul, at home, dans l’économie de moyens. Ses voix sont douces, pourtant curieusement magnétiques. Les climats, eux aussi, chopent l’oreille. Parson se dit Désorienté, en amorce de ses dix créations. Tu parles Charles, le morceau file et délivre une vapeur synth déjà accrocheuse. The Wake, Field Mice, le Dominique A première ère et Black Marble sont évoqués en bio; il y a de tout ça, sans nul doute. Mais Rémi balaye chez lui: j’entends par là, il trace ses propres chemins. Ca lui réussit, Etrangers est lui aussi alerte et clair-obscur, gentillet dans la voix, au delà de la simple agréabilité. Ses mots sont élevés, on n’y entend rien qui ternisse le tableau si ce n’est, beaux, quelques accents en gris clair. Les sentiments m’évoque Lescop, c’est bon signe. Il est las, d’avoir aimé. Il se pare de sons synthétiques eux aussi amers dans leur douceur.
Après ça Avant la nuit, bien plus bridé, se fait climatique. J’adhère moins, c’est quand il détale que j’adule Pour un empire. Ne nous y trompons toutefois pas, le titre est bon. Fellini, en mid-tempo sensible, poursuit dans la même qualité. Ca se confirme, il existe dans ce disque quelque chose de fascinant, d’attirant sans résistance possible. Ses effluves new-wave brumeuses, mélodiques, emportées parfois. Son ton presque intime, parfois, comme si Parson nous parlait à l’oreille. Il se livre, raconte son monde actuel. C’est un peu le notre, aussi, pour peu que l’on s’imprègne du contenu. C’est chose aisée, Castor Jr réinsuffle une pop vive et 80’s. Il fait mouche, se fait un tantinet bruitiste. Casio âgé, mélodica enroué, boîtes à rythmes malades en assurent la bonne tenue, l’impact continu. J’aime, à ce moment, définitivement.
Une épave, d’atours similaires, me fait songer à Daho. Gavarnie, sans faire son cirque (hum…) -c’est loin d’être le genre de la maison-, libère une poudre pop subtile, qui entérine mon ressenti; c’est sa patine, son coton vocal, ses belles peaux sonores, exemptes de surpoids, qui font de Pour un empire un album susceptible de tourner fréquemment, bienfaisant, sur nos platines en joie. Champs maudits, dark et troublé, sème un boucan presque shoegaze. Il casse le rythme, se fait piano. Puis file derechef, pour parfaire la fin d’album. C’est Villa Zaïre, dans l’éther pop, qui distille la dernière lampée d’élixir. Je prétendais le préférer, ce Pour un empire, quand il passe la cinquième. Je constate que même modéré, il parvient à me contenter. C’est, sans conteste, un disque « bubblegum », qui colle à l’esprit au fur et à mesure de ses lectures.
Il ne s’agit pas, de surcroît, du coup d’essai de ce Rémi Parson doué, qui poursuit sa route en y posant une balise où l’arrêt s’impose. On découvre, dans le même temps, un label Rhodanien d’intérêt, dédié aux musiques déliées, qui nous montre bien qu’en nos terres nichent bon nombre de projets de valeur, comme l’est de toute évidence ce Pour un empire de Rémi Parson.