Après Angelus Novus, son premier EP, le quatuor de Munich Elvis de Sade sort, toujours chez Young and Cold, son premier album. Nommé World For Us, ce dernier déterre neuf morceaux cold au chant de crooner qui donne du cachet à l’effort. Question In My Eyes en fait montre, il convoque synthés légers et brume d’éther, se montre plutôt alerte et se pare d’une belle finesse dans ses sonorités. The Heart’s Approved, à sa suite, se fait plus ouvertement cold. On y entend, judicieuses, des voix extérieures et, sur la fin, des encarts criés. Les bonnes salves semblent se suivre, on peine à imaginer que le disque puisse faiblir par la suite. Presence To Handle place dans le même sac, à son tour, motifs lumineux et tons plus froids. Elvis de Sade tient les rênes d’une recette efficace, bien en place. Il brise parfois l’élan, réitère le recours à des voix d’ailleurs. ****** *** ******, d’abord fonceur, aux portes du cold-punk, se saccade un peu plus ensuite. Ses basses lui confèrent du groove; on en vient à ce moment au milieu des festivités, si l’on peut dire, sans une seule faute de goût à déplorer.
Le titre éponyme, World For Us donc, se donne des airs de New Order. Il offre des choeurs, des mélodies estimables. On reçoit tout ça avec joie, pour peu qu’on soit en phase avec les courants dark qui n’omettent pas les belles chansonnettes. Celle que pousse Juliette, dans son parfait équilibre entre glace et tonalités plus « sunny », n’est pas des moindres. Elle est urgente, acide, entrainante. Le climat à la The Cure, sur l’introduction d’ Ecstasy Blues, son spleen communicatif, complètent le paysage avec aplomb. Le ciel prend ombrage, mais conserve sa belle parure. La voix, d’un velours grisé, continue à marquer l’écoutant. I Hold The Light My Enemy assure une dernière ligne droite sans dommages, de qualité égale. On sait l’Allemand performant, très souvent dans la sphère cold. C’est le cas d’Elvis de Sade, qui pour un premier « full lenght » se dote d’une belle carte de visite. Rappelons d’ailleurs que chez Young and Cold, il est rare que les sorties nous laissent sur notre faim.
Photos Enid Valu.
Eternal Doom, sans dénoter et pour terminer, se montre fidèle à l’approche voulue par Elvis de Sade, qui en bande de qualité confirme qu’il n’a pas usurpé ses lauriers. Il donne l’envie, une fois qu’on aura revisité ses ouvrages, de se remettre à fouiner chez le label d’ Augsburg, véritable référence en termes de musiques cold, électro, new-wave, post-punk, minimal synth et j’en passe tant le catalogue est étendu et attractif. De quoi s’abandonner, tout entier, à l’exploration de castes dont on ne fera le tour qu’au bout de plusieurs jours, parfaitement recensées par la structure teutonne.