ÈLG ? C’est pas tout rose, c’est pas tout noir non plus. Ca file pas droit, ça s’ambiance (ou ça s’ambient, ou plutôt non, je sais plus trop), ça s’atmosphérique, ça braille un peu, ça ne se livre pas tout de suite. Ca narre des trucs loufoques captivants (Fontanelles, clippé avec brio, en ouverture). Ca intrigue, du coup c’est….trop bien. Ca expérimente, ça se fait sombre et inquiétant. Du coup, c’est trop bien. Karl est en dedans? Pas grave, le violon le berce et des sons grinçants l’extirpent de sa mauvaise passe. Ce titre, j’en suis sûr, je l’ai entendu en live, y’a très peu de temps. Le chant crie, les sons partent en…vrille. Ca me rappelle Elg (et la Chimie), vus récemment dans ma bonne ville d’Amiens. Et voilà, c’était là. C’était trop bien. Ca tombe bien, le point commun c’est Èlg, soit Laurent Gérard. Qui convie ici Mocke Depret et Claire Vaillier à la guitare et au chant (du duo Midget), Radio Hito, Catherine Hershey et la chorale La drache au chant ainsi que Johann Mazé (du trio France Sauvage) aux percussions, présent sur la moitié du disque. Tout ce petit monde se pose Dans le salon du nous, prêt à (en) découdre. Bref, on peine à s’y retrouver mais c’est trop bien. Sous la chambre (la nuit) monte en intensité, puis il s’arrête. Remerciements fait son Deus, son cinglé dans le chant.
Ca prend sans forcer. Ca recourt à des sons polissons, c’est trop bien. Ca fait du bruit, ça se répète mais c’est rien, c’est VRAIMENT trop bien. Les textes soulèvent la réflexion, déroutent parfois trop. Midi pin parasol, court, raconte à peu près n’importe quoi. Sauf que non, il a sûrement du sens. Trouvez-le. Anyway ce n’est rien, La mort roulée en nem le prolonge loufoquement et groove par syncopes acides. Trop bon (et trop bien). ÈLG, si la route est trop droite, ne prend pas le départ. Convoi d’annonciatrices penche noisy, vire bancal, frappé du bocal. Excellent. C’est dans l’insomnie, selon lui fertile, que le sieur ÈLG est allé puiser sa matière. Son disque est brut, proche des conditions live. C’est une expérience, marquante. On n’en ressort pas indemne, conformément à ce qu’on est venu quêter en pressant le bouton play. La nappe d’urne, brève, génialement absurde, nous le confirme; Dans le salon du nous pourrait nous perdre. Ca serait dommage, il a tout pour (ne pas?) nous retenir. Pourvu qu’on soit ouvert, les oreilles sans cache ni crasse mainstream. De la crypte, on pourrait entendre les giclées tarées, le verbe givré.
Mazette, quel bazar! C’est trop bien, mais beaucoup fuiront. Qu’ils fassent, t’façon ça se réserve aux initiés. Comme Nouvelles du bardo, lui aussi narratif, exigeant mais qui passe jouissivement l’épreuve si comme moi, tu te nourris de la bizarreté créative. « Dans le salon du nous » sort chez Vlek Records, aussi sinueux que lui. Son auteur se Soundcloud ici, est aussi visible ici, s’ Instagram à cet endroit et n’en finit plus, depuis 2004 et sous la bannière Opéra Mort ou Orgue Agnès, entre autres, de semer sa pagaille sonique. Il est trop bon, parfois saoulant car le trop plein de bizarre, on en a parfois marre. Mais ça fonctionne, durablement, si on s’en douche. C’est trop bien, très « autre », personnel, et c’est sûrement là que réside toute l’estime qu’on peut lui porter après écoute de ses extravagances musicales passionnantes.