Seringué à la douleur, entravé par une série d’écueils notoires, en proie à des pensées noires, EKKSTACY trouve dans le son, à seulement 19 ans, la meilleure des thérapies. Son premier EP, ce Negative qui se réfère à la seule remarque que lui faisait sa mère quand ils se disputaient, offre sept perles de reverb et d’éclat mélodique, juteuses au pont d’évoquer Orange Juice, mélancoliques, façon Motorama parfois (l’excellent i walk this earth all by myself, en ouverture, qui évoque aussi The Drums que le garçon adule, dont la fin livre un chant grave en contrepoint avec la subtilité des vocaux de départ). Autant d’efforts qui demandent…un effort, justement. D’immersion dans une quotidien douloureux mais dont Negative allège le poids. Découragement, séparation, chagrin et rejet sont la matière, porteuse, de ses morceaux addictifs. then i met her, vif, post-punk, nappé de sons légers et scintillants, renforce le crédit qu’on pourra lui accorder. it only gets worse, i promise, sur un format qui comme souvent dépasse à peine les deux minutes, l’imite imparablement.
Les tempos sont alertes, comme s’il s’agissait au plus vite de se déparer de tout ce poids existentiel. Avec i want to be by your side (feat. herhexx), où l’invité apporte sa prestance, on est presque dans de l’indie-folk, fine mais soutenue, ombragée. Ca passe avec facilité, il faut dire que l’artiste parvient sans peine (…) à imposer ses climats et son allégorie. Chacune de ses ritournelles vaut, amplement, qu’on y dépense de notre temps. Et pas seulement. for forever, à nu, plus « folky » encore, enfonce le clou. Là où ça fait mal. On se drape, on se reconnait, dans ce que joue et narre EKKSTACY. L’ep est en outre court, ça permet de n’en jamais dérocher. Mode de survie, et je n’exagère en rien, la musique l’amène à se transcender. but there is always hatred, où le piano pose ses notes lentes, finit par se saccader, à l’image d’un être morcelé. Il s’entoure de beaux sons, un tantinet triturés.
Photo tabsofjoy
C’est déjà la fin, on l’aborde avec le plaisir d’une trouvaille valable. in love, chargé de clore, le fait tristement, entre finesse et zones d’angoisse. Le second volet de Negative est moins rythmé, plus climatique mais aussi empreint, bien évidemment, du ressenti de son auteur. Lequel, en se livrant sans masque ni fausse pudeur, en vient à nous gratifier d’une première parution captivante, aux teintes variables mais cohérentes. Un Negative dont la source amère, puisée dans des jours tout en nuits, débouche sur des création salvatrices, certainement, pour leur géniteur. Et enthousiasmantes, de bout en bout, pour le quidam qui se lancera dans une écoute poussée. Sur la bagatelle de sept titres, ça ne représente qu’un effort modéré, doublé d’une belle récompense auditive au terme de l’audition.