Trio instrumental venu du Mans, Stone From the Sky en arrive à son troisième album avec ce Songs From The Deepwater présumé exempt de chant, donc, ce que je déplore, aux sept titres qui parcourent un spectre assez étendu. On y passe d’ambiances-caresse à des envolées plus bourrues (Karoshi), la maîtrise est évidente et finalement, le rendu ne donne pas son nom. Stoner, prog, post-je ne sais quoi, il est surtout voué à la construction, par les Manceaux, d’un univers appelé à devenir le leur. Godspeed, qui ouvre le bal, tend à le prouver. On sent, et on entend, une recherche. Le désir de se démarquer, d’éviter l’écueil du déjà entendu. Celui-ci subsiste très légèrement, toutefois, au détour des compositions mais à l’arrivée, il n’entrave pas ou prou l’effort. On part d’un décor faussement tranquille, au ciel chargé, pour évoluer de manière lancinante vers des passages plus tempétueux. J’aurais mis du vocal, pour ma part, pour l’apport que ça génère, dans la composition. L’opus est bon: je tends néanmoins, parfois/souvent, à en décrocher. Lassé du tout-instru, pourtant audacieux. Le Squinfus tonne, la basse y met du plomb. Stoner étoilé, sous un horizon à nouveau assombri. Le déluge arrive, sans rémission. Puis ça retombe car la règle, ici, est avant toute chose de ne pas se figer. Le riff est lourd, l’attaque franche et fuzzy.
Stone From the Sky esquisse des paysages, pas trop sages. Il a bonne presse, il ne me captive pas -ou, plus justement, le genre n’est pas de mes favoris- mais fait preuve d’agilité dans la conception de ses morceaux. Tout comme le post-rock, il me barbe mais surprise, écouté fort, il dégage une puissance, une nuance aussi, qui me retient et suscite l’intérêt. Franchise, quand tu nous tiens…ça vaut des coups d’bâton, à l’occasion. Mais peuh!, c’est ainsi. Telle est ma vision, sans maquillage. The Annapurna Healer gronde lui aussi dans une forme de beauté troublée. Et puis Stone From the Sky, dans son créneau, dans son parcours, est maintenant implanté. C’est le signe d’évidentes vertus. Son propos est intense, il allie beau temps et milieux hivernaux, coups de sang et baume, raffinement et attitudes sauvages. Ce n’est pas ma tasse de fuzz, je me répète mais quelque part, ça transporte tout de même. J’aime, ce The Annapurna Healer, quand il accélère sans prévenir qui que ce soit. Mais chantez bordel! Pardon…..
A l’issue City | Angst, objet d’une vidéo que je suraime car elle dévoile, sans fard, splendeur et laideur mêlées (c’est tout au moins ce que j’en perçois…), suit un trajet connu: calme puis wild, zébré d’éclairs guitarisés, orné de rais de lumière céleste. Ca se tient. Déluge, éclaircie, arc en ciel et noirceur suivie de rayons presque « sunny »: chez Stone From the Sky la météo est variable, les saisons se confondent. C’est peut-être pour ça qu’au détour de mon relatif intérêt, il arrive à m’accrocher. Mais attention et à nouveau, je radote (schizophrénie?): il importe de l’écouter à volume poussé. 49.3 Nuances De Fuzz le prouve, massif, doté de motifs brièvement dépaysants et de sautes d’humeur que traduisent ses changements de braquet. Sur sept minutes en rut, il ne cesse de changer d’écorce. Je reste de marbre, sauf lorsque (vous connaissez la suite…).
C’est peut-être bien le signe que ces trois-là ont du relief, va savoir… A la fin de leur boulot Talweg, serti de jolies notes presque mystiques, offre….du chant! Victoire! Alors là ok les boys, en plus la voix est mystérieuse, gorgée de ressenti à peine dévoilé. Puis aérienne et mélodique, un peu comme chez Mars Red Sky. Elle se greffe à une trame finaude, qui à l’abord des trois minutes…se termine alors que j’attendais la tempête, vêtu de ma camisole, euh de mon anorak à la capuche en peluche (c’était pour la rime). Ce n’est rien, allez je replay histoire de voir ce que ça fait après une série d’auditions. Je chanterai par dessus, histoire de combler ma pseudo-frustration à l’écoute d’un disque somme toute de belle tenue, sorti ce jour chez More Fuzz Records.